Le conseil municipal du 8 décembre 2025 devait apporter des éclaircissements sur la restructuration du Centre Social et Culturel de l’Elsau. Une élue socialiste y interpellait justement la municipalité sur le respect des engagements pris envers les salariés. En réponse, la Ville affirmait avoir tenu parole, notamment sur la promesse de rencontrer tout le personnel. Mais sept anciens salariés du CSC contestent fermement cette version : « Ce n’est pas ce que nous avons vécu.«
Des promesses non tenues selon les salariés
Lors de la réunion publique du 8 mars 2025, la municipalité strasbourgeoise s’était engagée à rencontrer tous les salariés du CSC de l’Elsau avant toute restructuration. Neuf mois plus tard, le bilan dressé par les sept signataires est accablant. Badr, coordinateur avec 27 ans d’ancienneté, et Martin, responsable du secteur jeunesse pendant 13 ans, affirment n’avoir jamais été contactés. Chloé, responsable enfance depuis 19 ans, dit avoir obtenu un unique entretien malgré trois candidatures, sans aucun suivi. Sylvia, référente insertion pendant 15 ans, devait être rappelée après sa rencontre avec les élus : le téléphone n’a jamais sonné.
Julie, animatrice enfant, a envoyé quatre candidatures restées sans réponse. Julien, animateur ados depuis 12 ans, attend toujours le retour promis oralement par la direction. Quant à Margaux, référente famille, elle a refusé l’entretien proposé, révoltée par « les méthodes employées et le manque d’empathie« . Dans leur tribune commune, les salariés dénoncent un « renversement de responsabilité » : on ne peut pas leur reprocher un refus quand les propositions n’ont jamais été formalisées.

Une réorganisation menée sans consultation
Pendant que certains salariés attendaient vainement un signe de la Ville, le CSC de l’Elsau était démantelé. La réorganisation s’est faite sans eux : seule la secrétaire a été réembauchée par la municipalité. Le LAEP (Lieu d’Accueil Enfants-Parents) a créé sa propre association. L’Espace Bouleau et le secteur jeunesse ont été repris par le DACIP. Le secteur enfance a été confié à la Ligue de l’enseignement. L’école de musique est désormais gérée par l’association Ballade.
Cette redistribution, affirment les sept salariés, « rendait de fait tout retour impossible« . Comment reprocher à des travailleurs de ne pas avoir réintégré une structure qui n’existait plus sous sa forme originelle au moment où certains obtenaient enfin un entretien ?

Un engagement bénévole pour pallier les manquements
Malgré leur éviction, les anciens salariés continuent d’agir pour le quartier de l’Elsau, bénévolement, « afin de pallier l’absence de continuité de service« . Un engagement qui rend d’autant plus insupportable, selon eux, d’être présentés comme « désengagés ou responsables de la situation » lors du conseil municipal.
Leur demande est simple : « Que la vérité soit dite publiquement, que les responsabilités soient assumées et que les habitants puissent se faire une opinion sur des faits réels. » Une exigence de transparence qui résonne dans tout le quartier de l’Elsau, où le CSC jouait un rôle social majeur depuis des décennies.

Des questions qui attendent des réponses
Cette affaire soulève des interrogations sur la gestion municipale des structures sociales strasbourgeoises. Comment expliquer un tel décalage entre le discours officiel et le vécu des principaux intéressés ? Pourquoi des salariés avec plus de dix, quinze, voire vingt-sept ans d’ancienneté n’ont-ils pas été systématiquement reçus ? La Ville de Strasbourg apportera-t-elle des éclaircissements sur ces accusations précises ?
L’interpellation de l’élue socialiste visait précisément à obtenir ces réponses. Les habitants de l’Elsau, eux, attendent toujours la vérité sur ce dossier qui fracture le quartier.
