Les policiers strasbourgeois ont mis fin aux activités d’un petit commerce bien particulier en septembre dernier. Dans le quartier du Port du Rhin, un homme de 41 ans transformait son palier d’appartement en véritable point de vente de stupéfiants. L’affaire, jugée jeudi 27 novembre devant le tribunal correctionnel, révèle l’ampleur d’un trafic organisé au cœur d’un immeuble résidentiel.

Un système de surveillance sophistiqué pour écouler la marchandise

Le mis en cause ne laissait rien au hasard. Pour sécuriser son activité illicite, il avait installé un dispositif de caméras wifi dissimulées dans le judas de sa porte d’entrée. Cette surveillance lui permettait de contrôler les allées et venues et de gérer un flux constant de clients. Selon le président du tribunal, le trafic était particulièrement soutenu, notamment la nuit, avec environ 80 transactions enregistrées sur une période de 24 heures.

L’homme explique avoir débuté ce commerce après avoir rencontré un fournisseur au bas de son immeuble. Face aux difficultés financières, il reconnaît avoir accepté cette proposition pour générer des revenus. Son installation transformait ainsi un lieu de vie commun en espace de deal, perturbant l’ensemble des résidents de l’immeuble.

Une interpellation riche en découvertes

L’intervention policière d’avril 2024 a permis de saisir un arsenal complet : 61 grammes de cocaïne, 105 grammes de résine de cannabis, 10 grammes d’herbe, 595 euros en espèces, une arme de défense chargée au gaz, et un carnet retraçant l’activité commerciale sur trois semaines. Le dispositif vidéo a également été découvert lors de cette perquisition, confirmant l’organisation méthodique du trafic.

L’enquête a rapidement pris une autre dimension avec l’implication de l’ex-compagne du prévenu. Vivant dans le même logement et partageant sa vie pendant la période des faits, elle comparaissait à ses côtés. La femme est soupçonnée d’avoir profité des revenus générés par ce commerce illégal. Elle se déclarait isolée et dépendante des organismes sociaux, affirmant ne rien percevoir de cet argent sale et ignorant tout du point de deal.

Un renseignement anonyme déclenche l’enquête

C’est un signalement anonyme qui a alerté les autorités sur l’existence de ce trafic. Les informations transmises mentionnaient la présence d’un stand de deal dans le sac d’entrée de l’immeuble, équipé de deux balances de précision et présentant des traces évidentes d’activité : résidus blanchâtres, têtes de cannabis, batte de baseball, et même une gazeuse accrochée dans l’entrée.

La procureure a souligné la gravité des faits lors de son réquisitoire. Pour elle, ce type d’activité illustre la vie d’un trafiquant de drogue qui n’a pas su justifier ses ressources. Le nouveau dispositif vidéo découvert dans le judas d’entrée prouve que le trafic ne s’était pas arrêté après la première interpellation. L’accusé a tenté de se défendre en évoquant un accident de scooter, mais cette explication n’a pas convaincu le tribunal.

Le prévenu a été condamné à deux ans de prison avec maintien en détention. Son ex-compagne écope quant à elle d’une peine de huit mois de prison avec sursis simple.