Strasbourg, longtemps citée comme la référence française du vélo urbain, vient de connaître un sérieux revers dans le Copenhagenize Index 2025. La capitale alsacienne, qui trônait à la 5e place mondiale en 2019, se retrouve désormais au 13e rang. Une descente de huit positions qui ne manque pas d’interpeller, même si la ville conserve sa place dans le top 15 des métropoles les plus cyclables de la planète.

Ce recul ne traduit pas un effondrement des infrastructures strasbourgeoises, mais plutôt un décrochage face à des villes concurrentes qui ont massivement investi dans leurs réseaux cyclables ces dernières années. Avec un score global de 60/100, Strasbourg reste une ville « mûre » pour le vélo, où la pratique quotidienne est solidement ancrée, notamment grâce à une part modale de 16% pour les trajets domicile-travail.

Le réseau Vélostras : un héritage solide mais vieillissant

Le classement Copenhagenize salue toujours les atouts historiques de Strasbourg. Le réseau Vélostras, cette colonne vertébrale de voies rapides vélo qui maille la métropole, demeure un modèle reconnu avec sa signalétique claire et son identité visuelle. La ville se distingue également par une offre exceptionnelle de stationnement vélo : plus de 400 emplacements pour 1 000 habitants, l’un des meilleurs ratios mondiaux.

L’écosystème strasbourgeois reste cohérent : infrastructures, éducation, communication et actions communautaires s’articulent efficacement. Le challenge « Au boulot à vélo », lancé en 2009, et le développement de la logistique à vélo sont cités comme des initiatives pionnières. Les associations locales jouent également un rôle clé dans l’apprentissage et la promotion du vélo.

Les faiblesses pointées du doigt par les experts

Mais le Copenhagenize Index ne masque pas ses critiques. Le « principal défi » de Strasbourg serait de renouer avec son caractère innovant historique. Le site recommande d’étendre significativement les zones apaisées à 30 km/h, de repenser le design de nombreuses rues et de généraliser les « rues scolaires » pour améliorer la sécurité des cyclistes.

Pendant que Strasbourg capitalisait sur ses acquis, d’autres villes européennes multipliaient les pistes continues, sécurisaient leurs grands axes et généralisaient les zones apaisées. Cette stratégie moins offensive a permis à des métropoles autrefois en retard de rattraper puis dépasser la capitale alsacienne.

Comment Strasbourg peut-elle rebondir ?

Les experts sont unanimes : la base strasbourgeoise reste solide. Le réseau structurant existe, la culture vélo est bien implantée, les associations sont actives. Si la volonté politique suit et que les investissements reprennent au niveau des meilleures villes européennes, Strasbourg dispose de tous les atouts pour regagner des places lors des prochaines éditions.

Copenhagenize appelle la métropole à « transformer l’expérience accumulée en ambition renouvelée« . Cela passe par une modernisation du réseau, une extension des zones de circulation apaisée et une recherche systématique de haute qualité d’aménagement. La ville de Strasbourg saura-t-elle relever ce défi pour retrouver son rang de leader européen du vélo ?