Le 19 novembre 2025, Alya, jeune footballeuse de sept ans licenciée au FCOSK06, a été percutée par une voiture sur le passage piéton reliant le terrain synthétique aux vestiaires du club strasbourgeois. Contournant un véhicule stationné illégalement sur la traversée, l’enfant s’est retrouvée dans l’angle mort d’un automobiliste circulant en sens inverse. Miraculeusement, aucune fracture n’a été constatée, seulement des courbatures et un traumatisme léger. Mais cet accident aurait pu tourner au drame.
Pour le FCOSK06, qui accueille plus de 600 licenciés, c’est la goutte d’eau. Depuis plus de dix ans, le club alerte les autorités municipales sur la dangerosité de la rue du Schnokeloch qui sépare les deux équipements sportifs. Une problématique déjà soulevée lors d’une mission d’information et d’évaluation des clubs amateurs en septembre 2024, restée sans suite concrète.
L’installation récente d’un feu tricolore pour la ligne de bus Chron’hop C4 aurait même aggravé la situation, provoquant des bouchons et incitant certains conducteurs à s’arrêter sur les passages piétons. Le président du club envisage désormais de mobiliser du personnel pour sécuriser les abords lors des matchs, faute d’aménagement municipal.
Quand l’accident sportif devient sujet politique
L’accident survenu devant le stade FCOSK06 a déclenché une passe d’armes virulente sur les réseaux sociaux entre Thierry Sother, député socialiste du Bas-Rhin, et Nadia Zourgui, adjointe à la mairie de Strasbourg. Un échange qui illustre parfaitement le climat de la campagne municipale strasbourgeoise, déjà bien lancée à un an et demi des élections.
Thierry Sother a pointé du doigt l’état du sport associatif strasbourgeois : « Locaux et matériel dégradés rendant les entraînements parfois dangereux« , dénonçant une baisse de 13% des subventions en cinq ans, soit 500 000 euros retirés au sport associatif. « Le sport, c’est le lien social. C’est l’avenir de nos jeunes. C’est parfois leur seul échappatoire. Le laisser dépérir est une faute sociale« , a-t-il martelé.
La réponse de Nadia Zourgui ne s’est pas fait attendre. L’adjointe écologiste a retourné l’accusation contre son contradicteur : « Oui Monsieur nous avons baissé les subventions de 500 000 € pour le sport de haut niveau, en particulier pour le racing […] Par contre, ce que vous ne dites pas, c’est que notre budget sport augmente par ailleurs de 500 000 €, notamment pour la rénovation de nos équipements qui sont en mauvais état. »
Puis elle a lancé une charge frontale : « Où étiez-vous depuis 12 ans quand vos amis socialistes étaient en responsabilités ? Qu’ont-ils fait pendant 12 ans pour que nous héritions d’un patrimoine vétuste, indigne d’une Ville comme la nôtre ? » Avant de conclure par un hashtag assassin : #traitreunjourtraitretoujours.


La bataille des chiffres fait rage
Thierry Sother n’a pas laissé passer l’attaque. Dans une seconde salve, le député PS a sorti l’artillerie lourde des Comptes administratifs de la Ville : « Entre 2014 et 2019, la municipalité a investi 59 millions d’euros dans le sport. Avec vous, ce ne sont que 47 millions d’euros. Vous avez donc privé le sport strasbourgeois de 12 millions d’euros d’investissements. »
Concernant les subventions, les chiffres avancés sont tout aussi sévères : « Entre 2014 et 2019, le sport a reçu 29,9 millions d’euros de subventions. Durant votre mandat, ce montant est tombé à 18 millions d’euros. Cela fait 11 millions d’euros de moins.«
Le député a également relevé un paradoxe embarrassant pour la majorité actuelle : « L’imposture n’était pas de se défausser sur une majorité à laquelle… Jeanne Barseghian et Syamak Agha Babaei appartenaient et votaient chaque budget que vous critiquez aujourd’hui ?«
Un problème qui traverse les mandatures
Au-delà des invectives, l’affaire du FCOSK06 révèle une vérité dérangeante : le problème remonte bien avant l’arrivée d’EELV à la mairie en 2020. Le club alerte depuis plus de dix ans, soit sous les mandatures de Roland Ries (PS), lorsque Serge Oehler occupait le poste d’adjoint au sport. La situation perdure aujourd’hui sous la responsabilité de Tufuor Owusu, adjoint au sport de l’équipe écologiste.
Cette continuité dans l’inaction interroge : comment un danger aussi identifié, signalé par un club accueillant des centaines d’enfants, a-t-il pu être ignoré mandat après mandat ? Les familles du FCOSK06, mobilisées sur les réseaux sociaux depuis l’accident d’Alya, réclament des réponses concrètes, pas des querelles de bilan.
À quelques mois de l’ouverture officielle de la campagne municipale, l’accident de la rue du Schnokeloch pourrait bien devenir un symbole des dysfonctionnements chroniques de la gestion publique strasbourgeoise, quelle que soit la couleur politique aux commandes.


Des rapprochements stratégiques en coulisses
Des rapprochements stratégiques en coulisses
Selon nos sources, des membres de la nouvelle direction du FCOSK06 se seraient rapprochés du Parti socialiste en vue des prochaines élections municipales. Un rapprochement qui pourrait expliquer l’ampleur médiatique donnée à cette affaire et la virulence des attaques ciblant spécifiquement la majorité écologiste actuelle.
Si la dangerosité du passage piéton de la rue du Schnokeloch est indéniable et documentée depuis une décennie, la question se pose : pourquoi cette mobilisation politique intensive maintenant, alors que le problème existait déjà sous la mandature socialiste précédente ? L’instrumentalisation d’un drame évité de justesse à des fins électorales soulève des questions sur les véritables motivations de certains acteurs.

Ces liens entre football et politique à Strasbourg ne sont pas nouveaux et méritent d’être éclairés. Nous y consacrerons un article détaillé prochainement, explorant les alliances stratégiques qui se nouent dans les vestiaires des clubs strasbourgeois à l’approche des municipales de 2026.
À quelques mois de l’ouverture officielle de la campagne municipale, l’accident d’Alya risque de devenir un symbole des dysfonctionnements chroniques de la gestion publique strasbourgeoise, mais aussi des stratégies d’alliance qui se dessinent déjà dans les coulisses politiques locales.
