Plusieurs mois après notre premier articledénonçant les attaques racistes visant Julie Decroix, Miss Alsace 2025, sacrée à Kirrwiller, la situation n’a fait qu’empirer. Malgré les plaintes déposées et les appels à la modération, les commentaires racistes continuent de déferler sur les réseaux sociaux, révélant un phénomène inquiétant : le racisme ordinaire s’affiche désormais sans complexe, comme s’il était devenu normal.

La page Facebook Alsace Culture Langue Traditions illustre parfaitement cette dérive. Loin de se calmer, elle multiplie les publications et commentaires ouvertement discriminatoires, transformant l’élection de Miss Alsace en un débat identitaire assumé et violent.

Une page Facebook au cœur de la polémique

Dans une publication récente, la page « Alsace Culture Langue Traditions » s’en prend directement à Julie Decroix : « Elle part pour représenter La beauté alsacienne 😀 Cette fille est très jolie pour représenter ses origines la France ou le Sénégal mais certainement pas l’Alsace 🇮🇩 »

Mais c’est dans les commentaires que le discours se radicalise davantage. Face aux internautes qui dénoncent ces propos, l’administratrice de la page persiste et signe : « Rien à voir avec la tolérance. Mais oui nous n’acceptons pas la diversité et la réécriture de l’histoire et des origines alsaciennes. Le wokisme est un choix français maintenant que l’identité française n’existe plus… vous vous attaquez à l’Alsace ! Mais vous n’y arriverez jamais sachez le l’Alsace en a vu d’autre 😉 »

Un discours ethno-nationaliste décomplexé

Face aux accusations de racisme, la page nie farouchement : « Y a aucun propos raciste et non ce n’est pas parce que vous dites qu’elle est jolie mais parce que vous dites qu’elle est alsacienne et ça c’est faux donc oui je ne vais certainement pas vous laisser raconter n’importe quoi sur ma page donc je vous préviens calmez vous plutôt vous ! »

L’administratrice enfonce le clou : « Je suis aussi une alsacienne de souche depuis 1522. L’humanisme rhénan est un mythe inventé par les gauchistes actuels pour imposer leur idéologie de la diversité, la question n’est pas cette pauvre fille qui est juste utilisée par les Macronistes gauchistes… la question est le respect de l’identité de souche alsacienne qui est blanche rhénane et germanique. Pas française ni africaine ! »

Quand le racisme devient banal dans le Bas-Rhin

Ce qui frappe dans cette nouvelle vague d’attaques, c’est la banalisation du discours raciste. Les auteurs ne se cachent plus, n’euphémisent plus leurs propos. Ils revendiquent ouvertement une vision ethnique de l’identité alsacienne, excluant toute personne qui ne correspondrait pas à leurs critères raciaux.

La référence à une « identité de souche alsacienne qui est blanche rhénane et germanique » ou encore à la notion de « créolisation gauchiste » témoigne d’une dérive ethno-nationaliste assumée, bien loin des valeurs d’ouverture et d’humanisme que revendique habituellement la région.

Le cas de Julie Decroix révèle une réalité plus large : sur les réseaux sociaux, le racisme ne choque plus, il se banalise. Les commentaires discriminatoires se multiplient, les plaintes peinent à endiguer le phénomène, et les plateformes semblent dépassées par l’ampleur de la haine ordinaire.

À Strasbourg, au cœur d’une région qui se veut européenne et multiculturelle, ces attaques interrogent sur l’état du débat public et sur notre capacité collective à faire respecter les valeurs républicaines dans l’espace numérique.