La campagne des municipales 2026 à Strasbourg connaît un tournant inattendu. Alors qu’un vote était prévu le 6 novembre au sein de la fédération PS67 pour désigner le candidat socialiste, Catherine Trautmann a annoncé sa candidature en dehors de ce processus démocratique interne. Une décision qui provoque la réaction immédiate de Linda Ibiem, qui maintient sa candidature et dénonce une rupture du dialogue.

Le Parti socialiste du Bas-Rhin se retrouve ainsi face à une situation inédite : deux candidates issues de ses rangs mènent désormais campagne de manière parallèle pour les élections de 2026.

Linda Ibiem dénonce l’absence de dialogue démocratique

Dans un communiqué de presse publié ce jour, Linda Ibiem prend acte de la candidature de Catherine Trautmann tout en déplorant l’abandon du processus participatif. « Ni dialogue, ni considération du vote des militants« , résume-t-elle, pointant du doigt ce qu’elle considère comme une décision unilatérale.

La candidate socialiste remet également en question la sincérité du « comité de ville » évoqué par l’ancienne ministre, estimant que cette démarche consultative n’était qu’accessoire face à une décision déjà prise.

Génération Trautmann : entre héritage et renouvellement

Linda Ibiem se revendique elle-même de la « génération Trautmann« , reconnaissant l’héritage politique de l’ancienne maire de Strasbourg. Mais elle souhaite incarner « l’avenir que la jeunesse attend« , face à des indicateurs sociaux, économiques et écologiques préoccupants.

Sur le fond, les deux candidates partagent certains constats : la majorité sortante n’a pas suffisamment convaincu et une gouvernance plus politique que militante s’impose. Cependant, Linda Ibiem défend une approche différente, axée sur l’accompagnement de la transition vers « un socialisme municipal et écologique« .

Priorités : pauvreté, emploi, éducation et culture

La candidate socialiste pose ses priorités pour Strasbourg : la lutte contre la pauvreté et l’emploi comme « priorité absolue« , ainsi que l’éducation et la culture. Un programme destiné à « garantir la réussite de la gauche, alors que le pays se droitise et s’extrême-droitise« .

Son message est clair : il faut éviter la division au sein de la gauche strasbourgeoise. « Ne revivons pas 2001 par le choix d’une division puérile« , lance-t-elle, en référence à la défaite de la gauche face à Fabienne Keller. Elle appelle à « une union choisie et consentie » plutôt qu’à un rapport de force stérile.

Sondages et légitimité : un débat ouvert

Face aux arguments avancés sur la popularité de Catherine Trautmann, Linda Ibiem relativise l’importance des sondages. Elle rappelle le cas de Lille, où « un candidat inconnu est en tête des sondages, accompagné par Martine Aubry« , suggérant que d’autres facteurs entrent en jeu.

Sur les marchés et dans les quartiers de Strasbourg, la candidate affirme entendre « d’autres regards, y compris ceux de citoyens qui espèrent une alternative socialiste« . Un argumentaire de terrain face aux enquêtes d’opinion.

« Laissons la nouvelle génération socialiste se construire »

Linda Ibiem conclut son communiqué par un appel solennel : « Laissons la nouvelle génération socialiste se construire par elle-même. » Une phrase qui résume son positionnement politique : ni rupture brutale avec l’héritage, ni soumission à une décision verticale.

« Faire ensemble ne doit pas être qu’un slogan« , insiste-t-elle, en écho aux pratiques qu’elle dénonce au niveau national, comparant la démarche de Catherine Trautmann à celle d’un « président jupitérien qui n’entend que ce qu’il veut entendre« .

La question du candidat socialiste aux municipales 2026 à Strasbourg reste donc entière. Le vote initialement prévu le 6 novembre au sein de la fédération PS67 aura-t-il lieu malgré la candidature de Catherine Trautmann ? Et surtout, la gauche strasbourgeoise parviendra-t-elle à éviter la division qui pourrait lui coûter la mairie ?