Le gouvernement de Sébastien Lecornu a échappé de justesse à la censure ce jeudi 16 octobre 2025. Avec 271 voix sur les 289 nécessaires, la motion portée par La France insoumise n’est pas passée. Mais à Strasbourg, c’est une tout autre secousse politique qui secoue les quartiers : Thierry Sother, député PS de la 3ᵉ circonscription (Strasbourg-Nord, Schiltigheim), a une nouvelle fois refusé de voter la censure, rompant ainsi avec la ligne du Nouveau Front populaire qui l’a porté au pouvoir.
Cette position n’est pas une première. Le député socialiste avait déjà refusé de censurer le gouvernement Bayrou, suscitant déjà l’incompréhension de ses électeurs et de ses alliés du NFP. Une décision qui avait marqué les esprits et fracturé la gauche strasbourgeoise.
Strasbourg divisée : Régol et Fernandes suivent le NFP, Sother fait cavalier seul
Dans le Bas-Rhin, les trois députés strasbourgeois élus sous la bannière du Nouveau Front populaire ont fait des choix radicalement opposés. Sandra Regol (écologiste, Strasbourg-centre) et Emmanuel Fernandes (LFI, Strasbourg) ont voté la censure, respectant ainsi la ligne du programme commun qui les a fait élire.
Thierry Sother, lui, a choisi une autre voie. Pour la deuxième fois en moins d’un an, le député socialiste de Strasbourg-Nord et Schiltigheim refuse de s’aligner sur ses alliés du NFP. Une posture qui interroge : si deux députés strasbourgeois sur trois respectent le programme, pourquoi le troisième s’en affranchit-il systématiquement ?

Quand les promesses de campagne s’évaporent
La question est brutale mais légitime : à quoi sert de voter pour un programme si l’élu ne le respecte pas une fois installé ? Les habitants de Strasbourg-Nord et de Schiltigheim avaient massivement soutenu le NFP en 2024, convaincus par une ligne politique claire et assumée. Aujourd’hui, ils constatent que leur député vote différemment de ses propres alliés.
Cette dérive alimente une défiance déjà profonde envers le système politique. Depuis ce matin, la colère monte dans les quartiers. Sur les réseaux sociaux, dans les échanges de rue, le constat est amer : les engagements pris pendant la campagne ne pèsent plus rien face aux calculs politiciens.

Une base militante qui perd patience
La base militante locale du NFP, celle qui a collé les affiches, battu le pavé et mobilisé les votes, vit cette répétition comme une trahison. Déjà échaudés par le vote de mars sur Bayrou, les militants constatent aujourd’hui que rien n’a changé. Thierry Sother continue de s’affranchir du contrat passé avec ses électeurs, et ce malgré les remous que sa première désobéissance avait provoqués.
Pendant ce temps, Sandra Regol et Emmanuel Fernandes ont respecté la ligne commune du NFP, prouvant qu’il était possible de tenir ses engagements. Cette différence de posture rend le choix de Sother d’autant plus incompréhensible pour les Strasbourgeois.
Le programme, simple outil de conquête électorale ?
Cette affaire pose une question plus large : le programme électoral n’est-il qu’un outil de conquête, sans valeur une fois l’élection gagnée ? À Strasbourg, où la gauche reste influente mais fragile, ce type de posture nourrit le scepticisme ambiant.
Les habitants de Strasbourg-Nord et de Schiltigheim, qui ont cru à la promesse d’une gauche unie et combative, se demandent aujourd’hui si leur voix compte vraiment. Ou si, encore une fois, elle n’a servi qu’à installer un élu qui, une fois en place, fait ses propres calculs.


Un raz-le-bol qui dépasse les étiquettes
Ce qui frappe, c’est que la colère ne vient pas seulement des militants de gauche. Elle traverse les quartiers populaires, les classes moyennes, les jeunes comme les retraités. La défiance envers la politique n’a jamais été aussi forte à Strasbourg. Et des élus comme Thierry Sother, en refusant par deux fois de suivre le programme sur lequel ils ont été élus, ne font qu’aggraver la fracture.
Quand un député élu sur un programme de rupture refuse à deux reprises de renverser les gouvernements qu’il était censé combattre, que reste-t-il de la démocratie représentative ? À Strasbourg, la réponse est de plus en plus claire : de la désillusion et de la colère.
