Le 14 octobre 2025, au Foyer de l’étudiant catholique, l’assemblée communale de La France Insoumise a tranché : Florian Kobryn et Halima Meneceur porteront les couleurs du mouvement aux élections municipales 2026 de Strasbourg. Une désignation qui marque la stratégie d’une gauche radicale assumant sa différence, mais qui enterre définitivement l’espoir d’une liste d’union avec les Écologistes de Jeanne Barseghian et le Parti Socialiste de Catherine Trautmann.

Florian Kobryn, 36 ans, conseiller d’Alsace dans l’opposition et ingénieur des ponts et chaussées au Théâtre national de Strasbourg, prend la tête de liste. À ses côtés, Halima Meneceur, 43 ans, militante de l’éducation populaire, directrice de projets à la coopérative Cab4n et figure engagée dans les quartiers populaires strasbourgeois (Hautepierre, Neuhof, Meinau, Port du Rhin, Robertsau). Le binôme revendique une histoire personnelle ancrée dans l’immigration et les luttes sociales, avec un message clair : « La dignité humaine comme boussole ».

Des profils complémentaires au service d’un projet de transformation sociale

Florian Kobryn incarne un parcours singulier : issu d’une famille d’origine polonaise, il conjugue expertise technique et engagement culturel. Responsable des décors au Théâtre national de Strasbourg, il a récemment quitté le groupe écologiste au Conseil d’Alsace pour rejoindre LFI.

Halima Meneceur apporte quant à elle une expérience de terrain solidement ancrée dans les quartiers prioritaires de Strasbourg. Fondatrice du groupe d’action LFI à Hautepierre, elle a travaillé dans plusieurs quartiers de la ville (Port du Rhin, Meinau, Neuhof, Robertsau), développant une expertise en matière d’éducation populaire et de cohésion sociale.

Le député LFI de la 2e circonscription du Bas-Rhin, Emmanuel Fernandes, initialement pressenti comme candidat, se positionne en « premier soutien » du binôme. Cette décision stratégique lui permet de maintenir son mandat parlementaire tout en mobilisant pleinement ses ressources militantes au service de la campagne Kobryn-Meneceur. Un atout non négligeable pour structurer la campagne et donner de la visibilité à la candidature LFI dans la capitale alsacienne.

Des priorités programmatiques claires : écologie populaire et justice sociale

Bien que le programme détaillé soit attendu dans les prochaines semaines, les premières déclarations dessinent les contours d’une campagne résolument à gauche. Les axes prioritaires annoncés incluent :

  • Redistribution des richesses à l’échelle municipale : une politique fiscale locale ambitieuse visant à réduire les inégalités
  • Planification écologique avec participation citoyenne : une transition écologique co-construite avec les habitants, notamment dans les quartiers populaires
  • Défense et développement des services publics : renforcement des équipements et services de proximité
  • Lutte contre toutes les formes de discrimination : politique active d’égalité et d’inclusion
  • Engagement international : une mairie active sur la scène internationale, défenseure de la paix et du droit international, avec un soutien affiché à la Palestine

Halima Meneceur insiste particulièrement sur la notion d’« écologie populaire et non punitive », refusant une transition écologique qui pèserait uniquement sur les classes populaires. Elle affirme : « L’union ne se fera jamais au détriment des plus vulnérables. » Une phrase qui acte clairement la ligne de fracture avec les autres forces de gauche strasbourgeoises.

Un paysage politique strasbourgeois fragmenté

La candidature LFI s’inscrit dans un contexte de gauche strasbourgeoise particulièrement morcelée. Outre le binôme Kobryn-Meneceur, la maire écologiste sortante Jeanne Barseghian (EELV) et l’ancienne maire Catherine Trautmann (PS) ont déjà annoncé leurs candidatures. Une potentielle deuxième liste PS pourrait également émerger, portant à quatre le nombre de listes de gauche en compétition.

Cette fragmentation témoigne des divergences stratégiques profondes au sein de la gauche strasbourgeoise. Là où certains privilégient l’union électorale dès le premier tour, LFI assume une stratégie de différenciation programmatique, pariant sur la mobilisation d’un électorat populaire en quête d’une alternative radicale aux politiques menées jusqu’à présent.

Une campagne ancrée dans les quartiers populaires

L’un des atouts majeurs de la liste Kobryn-Meneceur réside dans son ancrage territorial dans les quartiers prioritaires de Strasbourg. Halima Meneceur, par son parcours militant à Hautepierre, au Port du Rhin, à Meinau et au Neuhof, dispose d’une connaissance fine des enjeux sociaux et urbains de ces territoires souvent éloignés des centres de décision politique.

Cet ancrage pourrait constituer un levier de mobilisation significatif, à condition que LFI parvienne à transformer l’engagement militant en dynamique électorale. La capacité du binôme à créer des passerelles entre les quartiers populaires et le reste de la ville sera déterminante pour la crédibilité de leur projet municipal.

Le défi de l’union ou de la stratégie autonome

Pour LFI Strasbourg, le dilemme est désormais clairement posé : faut-il privilégier l’autonomie programmatique quitte à fragiliser la gauche face à la droite et au centre, ou accepter des compromis pour construire une union susceptible de l’emporter ? Le binôme Kobryn-Meneceur a tranché : la clarté des positions et la défense des plus vulnérables priment sur les alliances tactiques.

Reste à savoir si cette stratégie trouvera écho dans les urnes strasbourgeoises en mars 2026, ou si la division de la gauche offrira un boulevard aux forces conservatrices et centristes dans la capitale alsacienne. Une chose est certaine : avec Florian Kobryn et Halima Meneceur, LFI Strasbourg dispose désormais de porte-parole identifiés pour porter son projet de transformation sociale et écologique de la ville.