Du 4 octobre 2025 au 8 mars 2026, le Centre Européen d’Actions Artistiques Contemporaines (CEAAC), situé rue de l’Abreuvoir à Strasbourg, accueille Hope for change, Hackney Flashers, de Londres à Strasbourg. Cette exposition marque les 50 ans du collectif féministe britannique Hackney Flashers et pose une question dérangeante : les inégalités de genre dénoncées dans les années 1970 ont-elles vraiment disparu ?
Un collectif pionnier du féminisme visuel militant
Formé en 1975 dans le quartier populaire londonien de Hackney, ce groupe de neuf femmes – photographes, autrices, illustratrices et designeuses graphiques – a produit trois séries marquantes entre 1974 et 1980 : Women and Work, Who’s Holding the Baby? et Domestic Labour and Visual Representation. Leur arme ? L’agitprop : photographies, collages, photomontages, slogans percutants.
Leur combat : exhiber les écarts salariaux entre femmes et hommes, le manque criant de solutions publiques de garde d’enfants en Angleterre, et les stéréotypes sexistes véhiculés par les médias et la publicité. Les Hackney Flashers ont refusé le statut d’œuvre d’art, préférant exposer dans les mairies, hôpitaux et écoles plutôt que dans les galeries. Leurs pièces, volontairement non signées, incarnaient une éthique collective et une critique radicale de l’art moderne.

Strasbourg, terrain d’enquête contemporain
Sous la direction de Camille Richert, historienne de l’art et commissaire indépendante, l’exposition ne se contente pas de célébrer ce patrimoine militant. Elle l’actualise. Trois artistes-chercheuses strasbourgeoises – Claude Dugit-Gros, Julie Luzoir et Pascaline Morincôme – ont mené une enquête visuelle sur les conditions des femmes et des mères à Strasbourg aujourd’hui.
Leurs nouvelles productions dialoguent directement avec les panneaux des années 70 et interrogent l’état actuel de l’emploi féminin dans la capitale alsacienne, les politiques publiques en faveur des parents et les représentations visuelles et discursives des femmes. L’objectif ? Démontrer que les sujets de critique et de révolte des Hackney Flashers demeurent d’une brûlante actualité en 2025.

Une programmation engagée et accessible
Le CEAAC propose une riche programmation autour de l’exposition : visites commentées par la commissaire Camille Richert (15 novembre 2025, 31 janvier et 7 mars 2026), rencontres avec les membres survivantes des Hackney Flashers, et le Bingo de la double journée animé par Julie Luzoir les 15 novembre, 13 décembre 2025 et 21 février 2026.
L’engagement du centre d’art va au-delà des murs : participation à La Strasbourgeoise le 5 octobre 2025, manifestation pour la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars 2026. Et pour que l’art reste accessible à tous, un espace enfant surveillé sera disponible lors du vernissage le 3 octobre à 18h30.

Informations pratiques pour les Strasbourgeois
Centre Européen d’Actions Artistiques Contemporaines (CEAAC)
7 rue de l’Abreuvoir, 67000 Strasbourg
Entrée gratuite, du mercredi au dimanche, 14h-18h
Accès :
- Tram : arrêt Université (lignes C, E, F)
- Bus : arrêt Cité Administrative (lignes 15 et 30)
- À vélo : arceaux disponibles au 7B rue de l’Abreuvoir
L’exposition est accompagnée de la première monographie dédiée aux Hackney Flashers, Parents must unite + fight, éditée par Camille Richert chez Tombolo Presses et primée « Plus beau livre suisse 2024 », disponible au CEAAC.
