Le Conseil municipal de Strasbourg a adopté ce mardi à l’unanimité une motion de protestation contre la suppression annoncée des trains de nuit vers Berlin et Vienne. Une décision qui intervient alors que ces liaisons, relancées il y a seulement deux ans, doivent cesser de circuler dès le 14 décembre 2025.

Un revirement brutal après des années de combat

L’ironie de la situation est frappante. En décembre 2023, Fabienne Keller se réjouissait à 6h10 du matin de l’arrivée du train de nuit Berlin-Paris en gare de Strasbourg, saluant « la concrétisation de cette ligne symbolique, après tant d’années de combat« . Brigitte Klinkert accueillait Clément Beaune à bord, alors ministre des Transports, qui qualifiait ce train de « concrétisation de nos efforts en faveur du développement du rail en Europe« .

Deux ans plus tard, c’est la douche froide. L’État français retire ses financements, mettant un terme brutal à ces liaisons nocturnes qui desservaient la capitale alsacienne. La compagnie autrichienne ÖBB, exploitante de ces lignes, a confirmé l’arrêt définitif faute de partenaire français pour maintenir le service.

Strasbourg mobilisée pour défendre sa desserte européenne

Dans une motion adoptée à l’unanimité, les élus strasbourgeois ne mâchent pas leurs mots. Ils dénoncent « un coup porté à Strasbourg, capitale européenne et siège du Parlement européen« , rappelant que ces trains constituent « une alternative écologique crédible à l’avion » et « un symbole fort de la coopération européenne« .

Le Conseil municipal interpelle solennellement le gouvernement français et la SNCF pour garantir la pérennité de ces lignes. Il demande non seulement leur maintien, mais aussi qu’elles deviennent quotidiennes et que la SNCF commercialise les billets sur tous ses canaux de vente.

Les élus strasbourgeois rappellent le manifeste signé en janvier 2023 pour le renforcement du transport ferroviaire transfrontalier, réunissant les grandes villes du Rhin supérieur. Une démarche qui résonne aujourd’hui comme un cruel rappel des ambitions affichées.

Au-delà de Strasbourg, c’est toute la façade Est qui trinque

La suppression de ces trains de nuit ne concerne pas uniquement les Strasbourgeois. C’est « toute la façade Est de la France et le cœur de l’Europe qui seront affaiblis« , souligne la motion. Les habitants de la région perdent une connexion directe avec deux capitales européennes majeures, dans un contexte où les alternatives écologiques à l’avion sont pourtant encouragées.

Plusieurs députés et sénateurs alsaciens ont déjà interpellé le gouvernement, insistant sur l’utilité écologique et symbolique de ces liaisons. Les associations et collectifs mobilisés pour la défense de ces trains reçoivent le soutien officiel du Conseil municipal.

Reste à savoir si cette mobilisation strasbourgeoise et alsacienne parviendra à faire infléchir la décision d’ici le 14 décembre. Le compte à rebours est lancé.