Le quartier du Conseil des XV vit une métamorphose historique. La Cité Rotterdam, premier grand ensemble français d’après-guerre, devient le laboratoire de la transformation écologique urbaine. Avec 8 100 m² déminéralisés et 123 arbres plantés, ce chantier de 36 500 m² redessine l’avenir des grands ensembles strasbourgeois.
Une révolution verte au cœur des grands ensembles strasbourgeois
L’Eurométropole de Strasbourg transforme radicalement l’approche des quartiers populaires avec ESPEX, un programme innovant qui réinvente les espaces extérieurs des cités construites entre 1950 et 1970. Onze projets sont déployés sur quatre communes, dont six déjà livrés ou en chantier. Cette démarche place Strasbourg à l’avant-garde de la reconquête écologique des grands ensembles.
La Cité Rotterdam, construite en 1953 et abritant 712 logements, incarne cette transformation. Située dans le quartier prioritaire Spach-Rotterdam où vivent 3 357 habitants avec un taux de pauvreté de 46 %, elle bénéficie d’un réaménagement complet qui réconcilie écologie et amélioration du cadre de vie.

Des espaces repensés pour la mobilité douce et la biodiversité
Le projet révolutionne la circulation dans le quartier. La rue de Rotterdam devient piétonne et végétalisée, tandis que 600 mètres linéaires d’aménagements cyclables facilitent les déplacements actifs. La place Albert 1er se transforme en espace exclusivement piéton, créant une respiration urbaine au cœur de la cité.
L’eau occupe une place centrale dans cette transformation. 94 % de la surface du projet, soit 34 320 m², est désormais gérée par infiltration naturelle. Cette approche innovante réduit les risques d’inondation tout en restaurant le cycle naturel de l’eau en milieu urbain. Les 4 421 m² de surfaces désimperméabilisées participent à cette reconquête écologique.

Un complexe sportif révolutionnaire en ossature bois-paille
La rénovation du gymnase du Conseil des XV marque une première en Alsace : l’utilisation expérimentale d’une façade en ossature bois-paille. Cette technique ancestrale revisitée améliore l’isolation thermique hivernale et le confort estival grâce à ses propriétés de déphasage thermique exceptionnelles.
L’extension de 400 m² accueillera un dojo dédié aux arts martiaux, complétant l’offre sportive locale. Le bâtiment, raccordé au réseau de chaleur d’Ophéa, sera équipé d’une toiture bio-solaire combinant végétalisation et panneaux photovoltaïques. Les 5,6 millions d’euros investis – cofinancés par la Ville, l’État, l’Agence de l’Eau et le CEA – témoignent de l’ambition du projet.
Le « City Stade » : quand les habitants transforment leur quartier
Lauréat de la première saison du Budget Participatif strasbourgeois, le nouveau terrain multisport illustre la démocratie participative locale. L’ancien terrain en béton, dangereux et inadapté, cède place à un équipement moderne de 288 m² en gazon synthétique sur base drainante.
Les innovations ne manquent pas : frontons métalliques intégrant buts de football et paniers de basket, filets pare-ballons de 5 mètres de hauteur, gradins en blocs de grès vosgien. Quatre agrès sportifs et une végétalisation compléteront l’aménagement fin 2026, pour un investissement de 180 000 euros.

Un modèle reproductible pour l’Eurométropole
Le succès de Rotterdam inspire déjà cinq autres projets ESPEX en cours d’étude à Strasbourg : Hohberg, Esplanade, Ampère, Westhoffen et Cité de l’Ill. Cette approche globale – mêlant gestion de l’eau, mobilité douce, sécurité et biodiversité – redéfinit les standards d’aménagement des quartiers populaires.
Les chiffres parlent : 66 places de stationnement public maintenues malgré la piétonisation, 62 places privées créées pour les résidents d’Ophéa, et une surface totale transformée de 3,6 hectares. Cette alchimie entre densité urbaine et qualité environnementale ouvre la voie à une nouvelle génération de quartiers durables.
