Un premier sondage Ifop dessine un duel à venir entre Jean-Philippe Vetter (LR, Les Centristes et UDI) et Catherine Trautmann (PS) pour la mairie de Strasbourg. L’actuelle maire, Jeanne Barseghian (Les Ecologistes), arrive en troisième position avec seulement 17% des intentions de vote. Cette enquête d’opinion, révélée par des médias locaux, bouleverse les perspectives pour les municipales de mars 2026.

Un trio de tête qui polarise l’attention

Catherine Trautmann (PS) domine ce premier sondage avec 25% des intentions de vote. L’ancienne maire de Strasbourg et ex-ministre capitalise sur sa longue expérience politique et son ancrage local solide. Forte de sa notoriété nationale et européenne, elle incarne une forme de retour aux sources pour une partie de l’électorat socialiste strasbourgeois qui cherche une alternative crédible à la gestion écologiste actuelle.

Jean-Philippe Vetter (LR, les centristes et UDI) talonne de près avec 24%, confirmant sa remarquable percée sur la scène politique strasbourgeoise. Il réussit le pari de fédérer une alliance de centre-droit rassemblant Les Républicains, les Centristes et l’UDI, capitalisant sur une dynamique de rassemblement face à la majorité écologiste sortante. Cette performance témoigne de sa capacité à incarner une alternative crédible pour un électorat en quête de changement et séduit par son approche pragmatique des enjeux locaux.

Jeanne Barseghian (EELV), reléguée à la troisième place avec 17%, voit sa position fragilisée après quatre années à la tête de l’Eurométropole. La maire sortante devra convaincre que son projet écologiste mérite d’être poursuivi malgré les critiques récurrentes sur sa gestion urbaine et les tensions palpables dans l’opinion publique locale.

Les outsiders en embuscade

Emmanuel Fernandes (LFI) réalise un score honorable de 13%, témoignant de l’implantation croissante de La France Insoumise dans les quartiers populaires strasbourgeois. Le candidat insoumis capitalise sur une dynamique de gauche qui trouve un écho particulier auprès d’un électorat déçu par les compromis de la gauche institutionnelle et sensible aux enjeux sociaux et de pouvoir d’achat.

Virginie Joron (RN) obtient 11% des intentions, confirmant la progression du Rassemblement National même dans des territoires traditionnellement peu acquis à l’extrême droite. Dans une ville frontalière et siège des institutions européennes, cette percée reflète les tensions nationales autour des questions sécuritaires et migratoires qui trouvent un écho local croissant.

Pierre Jakubowicz (Horizons et MoDem) ne recueille que 6% des suffrages, illustrant parfaitement l’effet toxique de l’impopularité record d’Emmanuel Macron sur ses soutiens locaux. L’ancien fervent soutien du président de la République lors des campagnes présidentielles paie le prix fort de cette association politique.

Une impopularité numérique qui se confirme sur le terrain

Au-delà des chiffres du sondage, Jeanne Barseghian fait face à une défiance palpable sur les réseaux sociaux. Chaque publication de la maire sur Facebook ou X génère invariablement une avalanche de commentaires critiques de la part des Strasbourgeois. Que ce soit sur l’annonce de nouveaux projets d’aménagement urbain, les questions de circulation automobile, ou les politiques environnementales, les retours des citoyens expriment un ras-le-bol général. Les médias locaux qui relaient les actions municipales font également les frais de cette grogne numérique, leurs articles étant systématiquement suivis de commentaires exprimant une lassitude face à la gestion écologiste de la ville.

Cette impopularité digitale reflète des tensions réelles dans les quartiers strasbourgeois : controverses autour des aménagements cyclables, critiques sur la gestion de la propreté urbaine ou encore débats sur les politiques de stationnement. Les réseaux sociaux deviennent ainsi le thermomètre d’une opinion publique locale de plus en plus critique envers l’équipe municipale sortante, phénomène que ce premier sondage Ifop semble confirmer dans les urnes virtuelles.

Des chiffres à relativiser absolument

Attention cependant à ne pas surinterpréter ces résultats. Commandée par le groupe « Aimer Strasbourg », cette enquête Ifop soulève de nombreuses interrogations méthodologiques fondamentales. Les sondages d’intentions de vote réalisés six  mois avant un scrutin ne constituent qu’un instantané fragile et souvent trompeur de l’opinion publique.

La fiabilité de ces enquêtes reste structurellement problématique : échantillonnage généralement restreint (800 à 1000 personnes), période de réalisation pouvant influencer les réponses selon l’actualité du moment, formulation des questions parfois orientée, absence totale de campagne électorale… La marge d’erreur standard de 2 à 4% relativise d’autant plus les écarts observés entre les candidats. Les erreurs de prédiction lors des précédentes échéances électorales, y compris à Strasbourg en 2020, rappellent que seul le verdict des urnes compte véritablement.