Une intrusion nocturne au cœur du centre de primatologie de Niederhausbergen a provoqué la disparition de douze ouistitis dans la nuit du 12 septembre 2025. Le Centre de Primatologie SILABE de l’Université de Strasbourg, installé dans l’historique Fort Foch, fait face à une situation inédite qui mobilise désormais toutes les autorités locales du Bas-Rhin.

L’établissement, qui héberge près de 800 primates de neuf espèces différentes sur ses 7 hectares boisés, n’avait jamais connu pareille effraction. Les intrus ont agi avec une précision troublante, ciblant spécifiquement les enclos des ouistitis après avoir contourné les systèmes de sécurité. Cette action organisée soulève de nombreuses questions sur les motivations réelles des auteurs : libération militante ou vol organisé pour alimenter des réseaux spécialisés ?

Mobilisation générale dans l’agglomération strasbourgeoise

Depuis la découverte de l’évasion au petit matin par le personnel du centre, un véritable plan de recherche s’est déployé sur l’ensemble de l’Eurométropole de Strasbourg. Les communes avoisinantes de Niederhausbergen, Mundolsheim, Souffelweyersheim et Reichstett ont été placées en alerte, leurs services techniques et leurs habitants sollicités pour signaler toute observation suspecte.

Les autorités insistent particulièrement sur la prudence à adopter : ces primates, bien qu’habitués à l’homme dans leur environnement de laboratoire, peuvent se montrer imprévisibles une fois livrés à eux-mêmes dans la nature. Leur stress et leur désorientation les rendent potentiellement agressifs, sans compter les risques sanitaires qu’ils pourraient représenter. La consigne est claire : observer, signaler, mais ne jamais tenter d’approche directe.

SILABE, un fleuron de la recherche biomédicale européenne

Le Centre de Primatologie SILABE représente l’un des joyaux scientifiques de l’Université de Strasbourg. Installé depuis 1978 dans cette ancienne forteresse allemande de 1870, l’établissement s’est imposé comme une référence internationale dans l’étude comportementale et les neurosciences cognitives. Son cadre exceptionnel, alliant respect du bien-être animal et excellence scientifique, attire chercheurs et étudiants du monde entier.

L’intrusion vient ternir cette réputation d’excellence et soulève des interrogations légitimes sur la sécurité de ces installations sensibles. Comment des individus ont-ils pu pénétrer si facilement dans un site supposé hautement sécurisé ? Les protocoles de surveillance nocturne étaient-ils suffisants pour protéger à la fois les animaux et les recherches en cours ?

Impact sur la recherche et questionnements éthiques

Au-delà de l’aspect sécuritaire, cet incident relance le débat sur l’expérimentation animale et les conditions de détention des primates en laboratoire. Les associations de protection animale y voient la preuve d’une vulnérabilité systémique, tandis que la communauté scientifique s’inquiète des conséquences sur les programmes de recherche en cours.

Les douze ouistitis disparus participaient vraisemblablement à des protocoles d’étude spécifiques, leur perte représentant des mois voire des années de travail compromis. Pour le centre SILABE, qui emploie une équipe spécialisée de chercheurs, vétérinaires et soigneurs, l’enjeu dépasse la simple récupération des animaux : c’est toute la crédibilité de l’établissement qui se joue dans la gestion de cette crise.

Strasbourg face à un défi inédit

Les Strasbourgeois découvrent aujourd’hui qu’à quelques kilomètres de leur quotidien urbain, une véritable « colline aux singes » existe depuis près de cinquante ans. Cette proximité entre recherche de pointe et vie civile, longtemps ignorée du grand public, se révèle soudain sous un jour nouveau avec cette évasion spectaculaire.

La situation interroge également sur la cohabitation entre activités scientifiques sensibles et développement périurbain. Niederhausbergen, commune paisible de l’ouest strasbourgeois, se retrouve propulsée au centre d’une actualité qu’elle n’avait pas sollicitée, ses habitants appelés à scruter parcs et jardins à la recherche de petits primates en cavale.

L’enquête, confiée à la police judiciaire, devra déterminer les circonstances exactes de cette intrusion et identifier ses auteurs. En attendant, la vigilance reste de mise dans toute l’agglomération strasbourgeoise, où douze ouistitis continuent de courir librement, quelque part entre Vosges et Rhin.