Le maire de Colmar était de nouveau face aux juges ce vendredi 12 septembre 2025. Mais son procès en appel devant la cour de Colmar n’aura pas livré son verdict aujourd’hui : le délibéré est reporté au 23 septembre. Une affaire qui divise l’Alsace depuis plus d’un an.
Un dossier qui remonte aux derniers jours de Gilbert Meyer
L’affaire débute en juin 2020, dans un contexte électoral tendu. Gilbert Meyer, alors maire sortant de Colmar, prend une décision qui fera polémique : il signe un arrêté pour revaloriser rétroactivement les indemnités de son directeur de cabinet, Joël Munsch. Une augmentation de 37 400 euros, validée par deux arrêtés municipaux quelques semaines avant que Meyer ne cède la place à son successeur Éric Straumann.
Le problème ? Cette revalorisation rétroactive n’est pas autorisée en droit administratif. Gilbert Meyer décède peu après les élections, laissant son successeur face à un dossier explosif. Informé par ses services municipaux, Straumann annule ces décisions en septembre 2020. Trop tard pour éviter les poursuites judiciaires.
De Mulhouse à Colmar : un parcours judiciaire complexe
En mars 2024, le tribunal correctionnel de Mulhouse condamne Éric Straumann à 5 000 euros d’amende (dont 2 000 avec sursis) et six mois d’inéligibilité avec sursis pour tentative de détournement de fonds publics. Son ancien collègue Joël Munsch écope quant à lui de 3 000 euros d’amende et trois ans d’inéligibilité pour complicité.
La défense de Straumann conteste cette décision : l’élu alsacien n’est pas à l’origine des arrêtés litigieux et les a finalement annulés avant qu’aucun versement ne soit effectué. « Pas de préjudice financier pour la collectivité« , martèle son avocat qui a logiquement fait appel.
Le parquet et les prévenus avaient même demandé un dépaysement de l’affaire, craignant pour l’impartialité des juges locaux. La Cour de cassation a refusé, estimant que les conditions n’étaient pas réunies.

Une protection fonctionnelle qui fait débat à Colmar
Au-delà de l’aspect pénal, l’affaire soulève des questions politiques locales. Le conseil municipal de Colmar a accordé la protection fonctionnelle à son maire, prenant en charge ses frais de justice. Une décision qui divise : certains opposants dénoncent le fait que la ville, théoriquement partie lésée, finance la défense de celui qui est accusé de l’avoir lésée.
Malgré cette épée de Damoclès judiciaire, Éric Straumann continue d’exercer ses fonctions de maire de Colmar, en attendant l’issue définitive de cette procédure judiciaire.
Les enjeux du 23 septembre
Le délibéré du 23 septembre sera crucial pour l’avenir politique d’Éric Straumann. Si la condamnation était confirmée en appel, le maire de Colmar resterait sous le coup de six mois d’inéligibilité avec sursis. De quoi potentiellement compromettre son avenir politique, même si un dernier recours resterait possible.
Cette affaire illustre les tensions autour de l’éthique publique en Alsace. Entre héritages politiques délicats et responsabilités assumées, le cas Straumann interroge sur la gouvernance des collectivités locales dans une région où les enjeux de proximité restent prépondérants.
Pour les Colmariens comme pour l’ensemble de l’Alsace, le 23 septembre marquera peut-être un tournant dans cette saga judiciaire qui aura duré plus de cinq ans.
