Né en 2018, le groupe Strasbourg Offender s’était implanté dans la tribune Ouest du stade de la Meinau, en marge du Racing Club de Strasbourg Alsace (RCSA). Formé à partir de dissidences de l’extrême droite radicale – notamment le GUD, le Bastion Social et les Meinau Boys – il a rapidement fédéré jusqu’à une cinquantaine de jeunes hommes. Sans existence légale, il affichait pourtant ses codes : un drapeau noir orné d’une couronne blanche et des canaux de discussion fermés sur Telegram.

Une relation trouble avec le Racing Club de Strasbourg

Le Racing n’a jamais reconnu officiellement le groupe. Mais dans les gradins, Strasbourg Offender s’appropriait l’image du club, participait aux animations et cherchait à légitimer sa présence dans la vie tribune. Un flou entretenu qui renforçait la confusion entre le soutien sportif et l’idéologie violente qu’ils véhiculaient.

Une idéologie ouvertement néonazie

Le ministère de l’Intérieur relève un corpus idéologique marqué par la xénophobie, l’antisémitisme et l’apologie du nazisme. Dans les rassemblements comme sur les réseaux sociaux, les membres utilisaient le salut hitlérien, diffusaient croix gammées et symboles nazis, et appelaient à la haine. Sur le terrain, ils organisaient rixes et « fights » avec d’autres hooligans, en France et en Europe.

Des incidents marquants à Strasbourg et ailleurs

Les faits reprochés sont nombreux et graves :

  • Juillet 2019 : appels à « une chasse aux Juifs » lors du match face au Maccabi Haïfa, agressions et écharpes brûlées.
  • 2020-2022 : bagarres organisées avec des groupes rivaux comme les MesOs de Reims ou les supporters du PSG.
  • Décembre 2022 : « patrouilles » violentes dans Strasbourg contre la communauté marocaine après la victoire du Maroc en Coupe du Monde.

Ces événements, mêlant violences physiques et propos haineux, avaient placé Strasbourg Offender sous la surveillance rapprochée des autorités.

La dissolution officielle du 8 septembre 2025

Le décret du 8 septembre 2025, publié au Journal officiel, acte la dissolution du groupe. Désormais :

  • tout usage du nom, logo ou banderole Strasbourg Offender est interdit ;
  • les anciens membres seront particulièrement surveillés lors des matchs à Strasbourg et dans le Bas-Rhin ;
  • le gouvernement affirme ainsi son refus de l’extrémisme violent dans les stades.

Cette décision a été saluée par des élus locaux, dont Emmanuel Fernandes, député LFI du Bas-Rhin engagé contre l’extrême droite.

Un tournant pour le supporterisme en Alsace

Avec cette dissolution, Strasbourg perd l’un de ses foyers de hooliganisme les plus actifs. Pour les autres groupes de supporters strasbourgeois, l’enjeu est désormais clair : continuer à faire vivre la passion du Racing sans céder aux dérives violentes qui ternissent l’image du football local.