La scène politique alsacienne a été secouée par l’annonce de la démission d’André Reichardt de son mandat de sénateur du Bas-Rhin. L’élu de longue date, en poste depuis 2010, a décidé de mettre fin à sa carrière parlementaire le 30 septembre prochain. Cette décision n’est pas anodine : elle intervient dans un climat tendu autour de la question institutionnelle de l’Alsace et résonne comme un geste de rupture. Reichardt, président du Mouvement pour l’Alsace, choisit ainsi de quitter ses fonctions pour pointer le mépris qu’il estime voir se répéter de la part de l’État envers la volonté de nombreux Alsaciens de retrouver une région propre.

Le poids du dossier alsacien dans la décision

La Collectivité européenne d’Alsace (CEA), créée en 2021, devait initialement répondre en partie à la demande de reconnaissance spécifique. Mais pour beaucoup d’élus, cette étape demeure inachevée. Ils réclament toujours la sortie du Grand Est et la reconstitution d’une véritable région Alsace. André Reichardt s’est fortement impliqué dans ce combat, multipliant les interventions au Sénat et les démarches auprès du gouvernement. La réponse transmise par l’Élysée en début de semaine, renvoyant une lettre des élus alsaciens vers un ministre extérieur au dossier, a agi comme un déclencheur. L’élu y a vu un nouvel affront, une manière d’écarter la question sans y répondre réellement. Ce sentiment de mise à l’écart a scellé sa décision.

Un signal politique adressé à Paris

En quittant son siège, André Reichardt ne bouleverse pas la majorité sénatoriale : le siège reste dans le giron des Républicains. Mais la portée symbolique dépasse largement l’arithmétique parlementaire. Le sénateur choisit de transformer sa démission en signal politique adressé à Paris. En Alsace, le soutien à une sortie du Grand Est reste fort et constant, confirmé par plusieurs sondages récents. Pour Reichardt, cette volonté populaire ne peut pas rester ignorée. Son geste vise à rappeler que le silence de l’État creuse un fossé croissant entre le pouvoir central et une région attachée à son identité.

Une succession déjà écrite

Conformément aux règles électorales, le siège laissé vacant reviendra au suivant de la liste menée par Reichardt en 2020. C’est Marc Séné, maire de Sarre-Union, qui devrait entrer au Sénat. La loi sur le non-cumul l’obligera cependant à quitter ses fonctions exécutives locales, un changement qui aura aussi des répercussions sur la vie municipale de sa commune. Ce passage de relais ne durera qu’un an, puisque les prochaines élections sénatoriales dans le Bas-Rhin sont prévues pour septembre 2026.

Une démission qui relance le débat alsacien

En définitive, le départ d’André Reichardt dépasse largement sa personne. Il s’agit d’un geste politique destiné à mettre en lumière un problème institutionnel non résolu. La CEA, malgré ses compétences renforcées, n’a pas suffi à éteindre la revendication d’une région Alsace à part entière. En posant un acte aussi fort, l’ancien sénateur veut rappeler que cette question ne peut pas être évacuée d’un simple revers de main. Elle demeure au cœur des préoccupations locales et continuera de nourrir le débat politique en Alsace dans les années à venir.