Samedi 28 juin, sur le parvis du Centre socioculturel de l’Elsau, la musique et les rires ont brièvement remplacé la frustration. Privés de fête de quartier officielle, les habitant·es ont organisé leur propre événement. Une célébration populaire, improvisée mais vibrante, portée par un quartier qui refuse de disparaître dans l’indifférence.
Depuis la fermeture soudaine du CSC le 21 mars dernier, l’Elsau est privé de l’un de ses rares lieux d’animation sociale. Plus de trois mois sans structure, sans relais associatif, sans activité organisée pour les enfants ou les familles. Et toujours, aucune perspective claire sur l’avenir.
🔹 “On nous oublie, mais on ne se tait pas”
La fête du 28 juin s’est voulue joyeuse, mais elle portait aussi la colère sourde d’un quartier en attente. Le CSC, pilier social local, est désormais en “veille”, réduit à trois postes. 22 salarié·es mis·es sur la touche, et des centaines de familles laissées sans ressource locale.
Pour de nombreux habitant·es, cette absence de service est vécue comme un abandon pur et simple, d’autant plus amer que d’autres quartiers populaires strasbourgeois (Meinau, Hautepierre, Gare…) ont bien eu leur fête de quartier. À l’Elsau, c’est le vide. Et quand il y a quelque chose, ce sont les habitants eux-mêmes qui doivent le porter.



🔹 Une réunion officielle, un matin… sans les habitants
Quelques jours avant la fête, le mercredi 19 juin, une visite institutionnelle s’est tenue sur ce même parvis, avec la maire Jeanne Barseghian, le préfet du Bas-Rhin, le président de l’ANRU, ainsi que plusieurs élus locaux. Objectif : mettre en avant les résultats du programme de renouvellement urbain, avec 1,3 milliard d’euros investis sur 10 ans pour sept quartiers prioritaires, dont l’Elsau.
Mais le créneau choisi – un mercredi matin en pleine semaine de travail – a profondément choqué. Aucun effort de communication n’a été fait vers les habitant·es, qui pour la plupart travaillent à cette heure-là ou n’ont pas été informés. Le résultat : quasiment aucun riverain sur place.
Pour plusieurs associations locales, ce choix n’a rien d’anodin. « C’est comme si tout était fait pour qu’on ne soit pas là », déplore une habitante du quartier. Une réunion pour parler de participation citoyenne… sans citoyens. Le fossé entre les grands discours institutionnels et le vécu quotidien se creuse un peu plus.

🔹 Discours ambitieux, quotidien délaissé
Logements rénovés, espaces publics repensés, ambitions écologiques : les promesses sont nombreuses dans le cadre de l’ANRU. Mais les habitant·es de l’Elsau peinent à voir le concret. À leurs yeux, les priorités sont ailleurs.
« Ils parlent de transformation, mais nous on n’a plus rien », résume une mère de famille. La fête du 28 juin, modeste mais vivante, devient alors un acte politique. Une manière de rappeler que les quartiers populaires ne sont pas des décors de projets, mais des lieux habités, pensés, vécus.
