Il y a 85 ans jour pour jour, le 28 juin 1940, Adolf Hitler venait à Strasbourg, tout juste tombée aux mains de l’armée allemande. Une visite éclair mais lourdement symbolique, dans une ville désertée par ses habitants et bientôt soumise à une germanisation radicale. Retour sur un moment-clé de l’histoire locale.
📍 Strasbourg, 1940 : une ville vidée, sous drapeau nazi
Depuis le 19 juin 1940, Strasbourg est occupée par les troupes du Reich. Les quelque 120 000 Strasbourgeois avaient été évacués en catastrophe dès septembre 1939 vers le Sud-Ouest de la France. Moins de dix jours après l’entrée allemande, le drapeau à croix gammée flotte déjà sur la flèche de la cathédrale Notre-Dame.
Le 28 juin, en ce jour anniversaire du traité de Versailles – honni par les nazis – Adolf Hitler fait le déplacement depuis l’Allemagne pour marquer personnellement la « reconquête » de l’Alsace. La ville est presque vide, les rues silencieuses. La visite, non annoncée, est strictement encadrée.
⛪ Une visite centrée sur la cathédrale de Strasbourg
Hitler arrive en début d’après-midi, accompagné de plusieurs proches : le maréchal Wilhelm Keitel et Otto Meissner, entre autres. Sa destination principale : la cathédrale.
Le Führer y passe près d’une heure, selon les témoignages, admirant les détails architecturaux gothiques qu’on lui décrit minutieusement. À la sortie, il lance à ses officiers :
Ce moment cristallise la volonté du régime nazi de faire de Strasbourg une ville allemande à part entière, et de la cathédrale un emblème national.

❌ Interdiction du culte : la cathédrale devient monument du Reich
Dans les jours qui suivent, Hitler ordonne la fermeture immédiate de la cathédrale au public. Les offices religieux sont interdits. Le dictateur souhaite en faire un « monument national à la gloire du peuple germanique ».
Même si la transformation totale ne sera jamais achevée – l’Alsace reste majoritairement catholique et les nazis préfèrent temporiser – la décision est claire : Strasbourg n’est plus une ville française.
🛠️ Une germanisation brutale de Strasbourg
La visite du 28 juin amorce une série de changements radicaux dans la vie quotidienne des habitants :
- Tous les noms de rues sont germanisés,
- Le franc est remplacé par le Reichsmark,
- Des fonctionnaires allemands prennent les rênes des institutions,
- Et la propagande nazie inonde l’espace public, avec notamment des photographies d’Hitler devant la cathédrale diffusées massivement.
Strasbourg entre alors dans une période sombre de son histoire, marquée par la répression, la nazification, et la mobilisation forcée des Alsaciens dans la Wehrmacht à partir de 1942.

🕯️ 85 ans plus tard : mémoire et vigilance
Aujourd’hui, en 2025, cette visite résonne comme un avertissement et un devoir de mémoire pour les Strasbourgeois. La cathédrale, symbole de la ville, fut au cœur d’un projet d’appropriation idéologique brutal.
En se replongeant dans ces images d’archives, nous rendons hommage à une ville meurtrie mais debout, et rappelons la nécessité de défendre chaque jour notre héritage culturel, spirituel et démocratique.
