Depuis septembre 2024, la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg expérimentaient un dispositif inédit en France pour mieux prendre en compte la santé gynécologique des agentes. Porté par les conseils municipal et eurométropolitain, ce programme, mis en place sans cadre législatif national, visait à faciliter la continuité d’activité au travail, proposer un congé spécifique pour les pathologies incapacitantes, et sensibiliser aux enjeux de santé féminine.

⚖️ Le Tribunal administratif suspend l’un des volets du dispositif

Par un jugement rendu le 24 juin 2025, le Tribunal administratif de Strasbourg a annulé le volet relatif au congé santé gynécologique, sous forme d’autorisation spéciale d’absence (ASA), estimant qu’il n’était pas conforme au droit national, en dépit de son caractère expérimental.

Cette décision fait suite à un recours déposé par la Préfecture du Bas-Rhin. Elle entraîne la suspension immédiate des ASA délivrées dans ce cadre, provoquant une vive réaction des élues locales.

« La suspension ne remet pas en cause la nécessité d’agir pour la santé des femmes au travail. Nous ferons appel et continuerons de plaider pour une évolution de la loi », a déclaré Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg.

📊 Un bilan d’expérimentation révélateur à Strasbourg

Entre septembre 2024 et mai 2025, 67 agentes ont bénéficié de ce congé santé, pour un total de 260,5 jours d’absence justifiés par des certificats médicaux. Parmi les 118 certificats délivrés, 36 concernaient des symptômes liés à la ménopause.

En parallèle, 455 personnes (dont 38 % d’hommes) ont été formées via 9 sessions de sensibilisation destinées aux encadrants. Ce volet de formation, ainsi que les aménagements de poste (horaires flexibles, télétravail modulé, adaptation des locaux), restent en vigueur et ne sont pas concernés par l’annulation.

🚺 Une mobilisation locale pour l’égalité professionnelle

Malgré le revers juridique, les collectivités strasbourgeoises entendent poursuivre leur engagement en faveur de la santé des femmes au travail. Ce dispositif, salué au-delà du territoire, s’inscrit dans une dynamique locale plus large visant à réduire les inégalités professionnelles et à reconnaître les enjeux de santé spécifiques aux femmes.

« Depuis 2020, nous plaçons la santé au travail et l’égalité professionnelle au cœur de notre action », rappelle Pia Imbs, présidente de l’Eurométropole.

Strasbourg continue ainsi de se positionner comme territoire d’expérimentation sociale au service du bien-être des agentes et de l’innovation publique en matière de santé au travail.