Lundi 23 juin 2025, le Conseil municipal de Strasbourg a adopté à une large majorité (48 voix pour, 10 contre, 5 abstentions) un jumelage avec le camp de réfugié·es d’Aïda, situé près de Bethléem, en Cisjordanie. Ce jumelage, inédit en France, s’accompagne d’un partenariat renforcé avec Bethléem pour la création d’une bibliothèque pour enfants, ainsi que d’une aide humanitaire de 20 000 euros pour les populations civiles à Gaza.

Le camp d’Aïda devient ainsi le 6e partenaire officiel de la Ville de Strasbourg, ouvrant la voie à des coopérations concrètes autour de la culture, de la jeunesse, et des droits des femmes. Une décision qualifiée de « courage politique » par plusieurs élu·es de la majorité municipale.


🗳️ Le vote : large approbation, mais des lignes qui bougent

Le jumelage avec le camp d’Aïda a été adopté à une large majorité :

  • 48 voix POUR, provenant essentiellement de la majorité écologiste et de ses alliés, mais aussi d’une élue d’opposition, Jamila Mayiama, qui a voté en rupture avec son groupe politique.
  • 10 voix CONTRE, toutes issues de l’opposition.
  • 5 ABSTENTIONS, également parmi les bancs de l’opposition.

🧭 Un choix de solidarité… et de fracture politique

Pour Abdelkarim Ramdane, adjoint strasbourgeois, ce jumelage est « un acte politique concret, au service de la coopération et de la dignité humaine ». Il s’est dit fier que Strasbourg « choisisse son camp : celui de la solidarité, de la justice, et de la paix », tout en dénonçant la posture de certains élus d’opposition qui, selon lui, « se réfugient derrière des discours faussement humanistes ».

Pour Sophie Dupressoir, adjointe Strasbourgeoise, le jumelage s’inscrit dans une ligne constante : « la création d’un État de Palestine aux côtés d’Israël, dans le respect du droit international ».


🤝 L’opposition défend une autre lecture : « Un humanisme sélectif »

Les voix discordantes n’ont pas manqué. Rebecca Breitmann, élue d’opposition, dit avoir voté pour l’aide à Gaza et le partenariat avec Bethléem, mais contre le jumelage avec Aïda : « Non pas par indifférence, mais parce que le jumelage ne doit jamais être un outil de punition ou de réparation symbolique. »

De son côté, Pernelle Richardot accuse la maire de Strasbourg de confusionnisme « Je refuse cette politique spectacle qui fait le lit des extrêmes de droites et de gauches qui elles, ne cherchent que le chaos »


📍 Pourquoi ce vote fait débat à Strasbourg

Ce jumelage cristallise les tensions locales autour de la question israélo-palestinienne. Pour les soutiens, il s’agit d’un geste fort, inscrit dans l’histoire de Strasbourg comme ville des droits humains. Pour les opposants, c’est un signal politique ambigu, qui risque de « raviver les fractures » plutôt que de les apaiser.

Ce débat met en lumière une réalité strasbourgeoise : le Proche-Orient s’invite dans les décisions municipales, et Strasbourg cherche sa voie entre humanisme affirmé et équilibre diplomatique.