Nicolas Giuseppone, professeur à l’Université de Strasbourg et chercheur au CNRS (Institut Charles Sadron), vient de se voir attribuer une bourse ERC Advanced de 2,5 millions d’euros par l’Union européenne. Cette distinction, parmi les plus prestigieuses en recherche, vise à soutenir des projets scientifiques d’avant-garde portés par des chercheurs reconnus au niveau international.
Son projet ambitionne de faire progresser la conception des machines moléculaires artificielles, inspirées de celles présentes dans le vivant. À l’instar des moteurs biologiques qui découpent, transportent ou assemblent des éléments cellulaires, ces nano-dispositifs artificiels sont capables de convertir de l’énergie en travail mécanique. L’objectif est désormais de comprendre comment les coupler efficacement, afin de créer des matériaux actifs capables de changer de forme, de propriétés ou même de se déplacer de manière autonome.
Ce travail pourrait transformer des secteurs aussi variés que la médecine, la fabrication de matériaux intelligents ou la conversion d’énergie. Le financement ERC permettra à une dizaine de chercheurs de travailler pendant cinq ans sur ces questions au cœur des nanotechnologies.
« Ce prix est une reconnaissance majeure de notre travail depuis dix ans. Il nous donne les moyens d’avoir un réel impact dans ce domaine en pleine émergence », explique Nicolas Giuseppone.
🧬 Génétique : percer le mystère de l’héritabilité manquante
Joseph Schacherer, chercheur au laboratoire de génétique moléculaire, génomique et microbiologie (Unistra/CNRS), est également lauréat d’un ERC Advanced Grant du même montant. Son objectif : lever le voile sur l’héritabilité manquante, ce paradoxe génétique selon lequel les variantes connues d’un génome ne suffisent pas à expliquer l’ensemble des différences observées entre individus.
Pour explorer cette question, son équipe utilisera la levure comme organisme modèle afin d’analyser de très larges populations. L’étude combinera des approches de séquençage, des données d’expression génique et des analyses à l’échelle de la cellule unique. À terme, l’ambition est de développer des outils prédictifs basés sur l’intelligence artificielle pour anticiper les traits biologiques à partir des seules informations génomiques.
Les retombées pourraient être significatives, en biologie fondamentale comme en santé humaine, en permettant une meilleure prédiction des traits complexes dans de nombreuses espèces.
« Ce financement va nous permettre d’explorer des dimensions jusqu’ici inaccessibles de la relation entre génotype et phénotype », souligne Joseph Schacherer.

🔬 Strasbourg à la pointe de la recherche européenne
Ces deux financements, chacun d’un montant de 2,5 millions d’euros sur cinq ans, illustrent l’excellence de la recherche strasbourgeoise dans des domaines aussi distincts que la chimie supramoléculaire et la génomique fonctionnelle. L’Université de Strasbourg et le CNRS y confirment leur rôle moteur dans l’innovation scientifique européenne.
