Début juin, une agente municipale a été agressée à la piscine de Hautepierre, entraînant sa fermeture temporaire. Cet événement, survenu en pleine vague de chaleur, a immédiatement fait réagir l’élu d’opposition Nicolas Matt (Renaissance), qui y voit le symptôme d’un abandon des quartiers populaires par la municipalité. Dans un article relayé par Les Dernières Nouvelles d’Alsace, il accuse la Ville d’avoir mis fin à un ancien dispositif de médiation porté par des acteurs locaux, tout en finançant à hauteur de 600 000 € un dispositif de médiation en centre-ville et à la Krutenau, via l’entreprise Médiaction.

Pour l’élu, ce choix politique traduit une forme de mépris envers les territoires périphériques comme Hautepierre ou l’Elsau, plus exposés aux tensions sociales mais moins dotés en moyens humains et financiers. Il appelle à un rétablissement immédiat d’une médiation de terrain, construite avec les acteurs locaux.


Nadia Zourgui : « Rien n’a été abandonné à Hautepierre »

Face à ces accusations, Nadia Zourgui, adjointe à la mairie de Strasbourg en charge de la tranquillité publique, a publié une longue réponse sur Facebook. Elle y dénonce une « fake news du jour » et affirme que les propos de Nicolas Matt reposent sur des amalgames et une méconnaissance des compétences institutionnelles.

Première mise au point : la gestion des piscines n’est pas municipale, mais métropolitaine. C’est donc l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) qui pilote les dispositifs dans les équipements sportifs, y compris les piscines. Le non-renouvellement d’un marché de médiation par une association locale relève ainsi de l’EMS, et non de la Ville.

Contrairement à ce qu’affirme l’élu d’opposition, la médiation dans les piscines n’a pas été abandonnée. Chaque été, des médiateurs saisonniers sont embauchés par l’Eurométropole pour intervenir sur site. À Hautepierre, un médiateur était bien présent au moment de l’incident, ainsi que quatre agents de sécurité privée, mobilisés pour encadrer les fortes affluences. Pour Nadia Zourgui, il est donc inexact de suggérer que la piscine était livrée à elle-même.

Elle précise également que le contrat confié à Médiaction concerne exclusivement l’espace public (rues, places, parcs) du centre-ville et de la Krutenau. Il ne s’agit en aucun cas d’une réaffectation de moyens qui auraient été retirés aux quartiers périphériques. Ce dispositif, précise-t-elle, a été conçu sur la base de données précises issues des polices municipale et nationale, identifiant les zones les plus exposées à des conflits d’usage.


Une réponse ferme aux accusations d’injustice territoriale

Dans sa publication, l’adjointe rejette fermement l’idée d’une injustice territoriale et accuse Nicolas Matt de jouer sur les perceptions pour alimenter un récit stigmatisant. Selon elle, la Ville agit en fonction des réalités de terrain, et la tranquillité publique ne se réduit ni à une géographie symbolique ni à une politique de communication. Elle regrette une vision simpliste de la médiation, résumée par l’élu à des « marches urbaines », alors que le travail des médiateurs est, selon elle, bien plus profond et structuré.

Nadia Zourgui souligne enfin que les comportements problématiques dans les piscines (agressions, incivilités, vols) ne sont pas propres à Strasbourg, et encore moins à un quartier en particulier. Ces situations se répètent chaque été dans de nombreuses villes françaises, et nécessitent une vigilance permanente, mais aussi des moyens cohérents et adaptés.


Réouverture attendue, débat relancé

Si la piscine de Hautepierre reste pour l’instant fermée, la mairie affirme qu’elle rouvrira dès que les conditions de sécurité seront pleinement réunies. En attendant, la polémique ravive un débat plus large sur l’équilibre des politiques publiques entre centre et périphérie, et sur la capacité des institutions locales à coordonner leurs actions.

Au cœur de ce débat : la question de la médiation et de la tranquillité publique, enjeu sensible dans une ville marquée par des fractures territoriales et sociales. Pour Nadia Zourgui, ce travail de terrain se poursuit, même s’il reste perfectible. Mais elle appelle à ne pas instrumentaliser les incidents pour en faire des démonstrations politiques déconnectées de la réalité opérationnelle.