Le lundi 2 juin 2025, l’Université de Strasbourg a officiellement prononcé une exclusion d’un an à l’encontre de Samy Amokrane, ancien président de la section locale du syndicat étudiant de droite UNI (Union nationale inter-universitaire). L’information, révélée par Rue89 Strasbourg, fait suite à une procédure disciplinaire engagée après la diffusion de contenus numériques jugés « sexistes et antisémites » produits dans le cadre d’activités internes au syndicat.

Le conseil de discipline de l’université a statué sur des photomontages internes, non publics, qui véhiculaient des représentations discriminatoires à caractère racial, notamment antijuives, ainsi que sexistes. Bien que ces contenus n’aient pas été publiés sur des réseaux sociaux, leur création et circulation ont suffi à engager la responsabilité disciplinaire de l’étudiant en tant que dirigeant local du syndicat.

Selon les sources universitaires et les documents internes consultés par Rue89 Strasbourg, la commission disciplinaire a estimé que ces actes portaient atteinte aux valeurs portées par l’université et justifiaient une exclusion temporaire.

🏛️ L’UNI Strasbourg au cœur de la controverse

L’UNI, syndicat étudiant historiquement proche de la droite et de l’extrême droite républicaine, a souvent été au centre de polémiques pour ses prises de position conservatrices dans les milieux universitaires. La section strasbourgeoise, en particulier, s’était déjà distinguée ces dernières années par des actions militantes virulentes contre des conférences sur l’antiracisme ou les études de genre.

Dans ce contexte, l’affaire Amokrane cristallise des tensions internes à l’université, où d’autres organisations étudiantes réclament une vigilance accrue contre les dérives idéologiques. Aucune réaction officielle de la direction nationale de l’UNI n’a été rendue publique à l’heure où nous publions ces lignes.

🛡️ Retrait immédiat du SNU : la préfecture saisie de l’affaire

Alors que Samy Amokrane devait intervenir en tant qu’encadrant dans une session du Service National Universel (SNU) prévue en juin, Rue89 Strasbourg a informé la préfecture du Bas-Rhin de sa récente exclusion universitaire.

En réaction, les autorités préfectorales ont pris la décision de le retirer immédiatement du programme. Ce retrait vise à éviter toute contradiction entre les objectifs civiques du SNU — qui promeut les valeurs de respect, de solidarité et d’engagement — et le profil d’un encadrant récemment sanctionné pour comportements discriminatoires.

Le ministère de l’Éducation nationale n’a pas commenté publiquement l’affaire, mais selon des sources proches du dossier, des vérifications renforcées des profils des encadrants seraient envisagées à l’avenir.

🤝 Quelle sélection pour les encadrants du SNU ?

L’affaire soulève une question de fond : les dispositifs de vérification du parcours des jeunes encadrants du Service National Universel sont-ils suffisants ? Actuellement, les intervenants sont sélectionnés sur dossier, avec des conditions d’âge, de casier judiciaire vierge et parfois des expériences associatives, mais sans croisement systématique avec les antécédents disciplinaires universitaires.

Des syndicats enseignants et des associations appellent désormais à plus de transparence sur les critères de sélection, estimant que les encadrants doivent être exemplaires sur le plan des valeurs citoyennes.

BFM TV / Youtube

🧭 Une affaire symptomatique de tensions dans l’enseignement supérieur

Cette exclusion disciplinaire s’inscrit dans un climat universitaire national tendu. Depuis plusieurs années, les universités sont confrontées à des controverses sur la liberté d’expression, les discriminations internes et l’infiltration idéologique de certains groupements politiques ou religieux dans les structures étudiantes.

Pour certains observateurs, l’affaire Amokrane illustre à la fois les limites de l’autorégulation syndicale et les failles de communication entre établissements d’enseignement supérieur et institutions républicaines. À Strasbourg, des enseignants ont salué la clarté de la sanction rendue, estimant qu’elle marque une ligne rouge.