Dans la nuit de mercredi à jeudi, les députés ont voté la suppression des Zones à Faibles Émissions. À Strasbourg, la maire Jeanne Barseghian dénonce une décision « irresponsable » pour la santé publique.

C’est un vote qui pourrait marquer un tournant dans la politique environnementale française. Dans la nuit du mercredi 28 au jeudi 29 mai, l’Assemblée nationale a adopté un amendement supprimant les Zones à Faibles Émissions (ZFE), dans le cadre du projet de loi « simplification de la vie économique ».

Le texte a été soutenu par 98 députés, issus notamment du Rassemblement National (RN), Les Républicains (LR), de l’Union des Droites pour la République (UDR), de plusieurs députés Renaissance, mais aussi de certains députés de La France Insoumise (LFI). 51 députés ont voté contre, notamment les écologistes, des élus socialistes, MoDem ou encore Horizons.

Ce vote ne marque pas une alliance politique entre ces groupes, mais une convergence ponctuelle autour d’une même opposition à la ZFE.


Strasbourg, ville engagée dans la ZFE depuis 2019

Strasbourg fait partie des premières agglomérations françaises à avoir mis en œuvre une ZFE, dès 2019. L’objectif : améliorer la qualité de l’air en restreignant progressivement l’accès aux véhicules les plus polluants.

À ce jour, les véhicules classés Crit’Air 5 et non classés sont interdits à la circulation dans l’Eurométropole. Une nouvelle étape était attendue en 2025 avec l’exclusion des Crit’Air 3.

Des aides financières locales, des conseils à la conversion et des solutions de mobilité ont été déployés, avec un effort notable de la part de la collectivité, malgré un soutien limité de l’État.


Jeanne Barseghian monte au créneau

Dans un post publié ce jeudi sur Facebook, la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian (EELV), a réagi vivement à la décision :

« Suppression des ZFE : un grave recul pour la santé des Français. »

Elle poursuit :

« À Strasbourg, malgré l’absence de soutien de l’État, depuis 5 ans nous accompagnons les habitants pour qu’ils puissent changer leur véhicule ou accéder à d’autres solutions de mobilité. Et ça marche. »

Et de conclure :

« La lutte contre la pollution de l’air ne peut pas être abandonnée en rase campagne. Oui à des ZFE justes, non à leur suppression ! »


Et maintenant ?

L’amendement supprimant les ZFE a bien été voté par l’Assemblée, mais le projet de loi complet dans lequel il s’insère doit encore être adopté dans sa globalité. Il passera ensuite au Sénat, où la disposition pourrait être modifiée ou supprimée.

Plusieurs parlementaires évoquent également la possibilité de saisir le Conseil constitutionnel, estimant que l’amendement est hors sujet dans une loi économique (ce qu’on appelle un cavalier législatif).


Les Strasbourgeois concernés

Pour les habitants de Strasbourg et de l’Eurométropole, rien ne change dans l’immédiat. La ZFE reste en vigueur tant que la loi n’est pas définitivement promulguée. Mais cette décision ouvre un débat politique et local majeur : faut-il continuer à limiter la circulation des véhicules polluants, et à quelles conditions ?

Dans une ville régulièrement affectée par les pics de pollution, la qualité de l’air reste un enjeu sanitaire central. Selon les données de l’Agence européenne pour l’environnement, la pollution atmosphérique est responsable de plus de 40 000 décès prématurés chaque année en France.