La LICRA et le Festival Joséphine Baker annoncent la suspension de leur collaboration avec la municipalité, après la réception par la maire Jeanne Barseghian d’une délégation palestinienne à l’Hôtel de Ville.
La visite d’une délégation du camp de réfugiés palestiniens d’Aïda, en Cisjordanie, accueillie le 24 mai dernier à l’Hôtel de Ville de Strasbourg, continue de susciter des remous. Ce lundi 27 mai, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) a adressé une lettre ouverte à la maire Jeanne Barseghian, dans laquelle elle annonce suspendre, « en l’état« , toute action commune prévue avec la municipalité en juin prochain.
Dans ce courrier cosigné par Mario Stasi, président de la LICRA, et Claude Pierre-Bloch, président du Festival Joséphine Baker, l’organisation dit reconnaître le bien-fondé humanitaire du projet de jumelage avec le camp d’Aïda, soulignant que « tout ce qui favorise la rencontre, le dialogue, la culture et la paix doit en effet être encouragé« . Mais elle reproche à la maire d’avoir arboré un keffieh et accepté « des mains des vos invités, une carte du Proche-Orient barrée du drapeau palestinien, où l’État d’Israël n’existait tout simplement plus« .

Une décision politique dans un contexte sensible
La LICRA insiste sur le contexte mondial tendu depuis les attaques du 7 octobre, marqué par une forte hausse des actes antisémites en France. « Les discours publics ne doivent pas enflammer l’opinion« , écrivent les signataires, en appelant à la responsabilité des élus. L’organisation estime que la neutralité et le respect des principes républicains n’ont pas été respectés par la Ville lors de cette rencontre.
En conséquence, la LICRA et le Festival Joséphine Baker annoncent qu’ils ne participeront pas à l’action éducative prévue en partenariat avec la mairie de Strasbourg au mois de juin, invoquant une incompatibilité avec « le message d’espoir qui doit être porté auprès de la jeunesse« .

Jumelage gelé avec Ramat Gan
La tension survient alors que la maire avait également annoncé que le jumelage avec la ville israélienne de Ramat Gan était « gelé« . La lettre de la LICRA dénonce un traitement déséquilibré des partenaires internationaux de la Ville. « À l’approche du vote de ce jumelage, vous aviez le devoir, en tant que représentante de l’État, de clarifier la situation et vos intentions« , peut-on lire.
La Ville de Strasbourg n’a pour l’heure pas réagi publiquement à ce courrier. Mais cette rupture de partenariat met en lumière les conséquences locales des tensions internationales et les choix diplomatiques symboliques faits par les collectivités.
