En ce 27 mai, la France célèbre la Journée nationale de la Résistance. Instituée par la loi du 19 juillet 2013, cette date commémore la création du Conseil national de la Résistance (CNR) le 27 mai 1943, sous la présidence de Jean Moulin. L’objectif : rappeler le rôle fondamental de la Résistance intérieure dans la libération du pays et dans la fondation des valeurs républicaines d’après-guerre.
À Strasbourg, comme dans tout le Bas-Rhin, cette journée prend une résonance particulière. Marquée par l’annexion de l’Alsace au IIIe Reich en 1940, la région a vu naître une résistance courageuse mais souvent oubliée. De nombreux jeunes Alsaciens, parfois à peine majeurs, se sont dressés contre l’occupant nazi malgré les risques considérables.
Des visages de la Résistance strasbourgeoise
Parmi les figures les plus marquantes, celle de Marcel Weinum reste emblématique. Né en 1924 à Brumath, il fonde à seulement 16 ans le groupe clandestin La Main noire, avec d’autres lycéens. En 1941, il participe à un attentat contre le Gauleiter Robert Wagner. Arrêté, jugé par un tribunal nazi, il est exécuté l’année suivante, à 18 ans.

Autre nom, autre destin : Alphonse Adam, natif de Schiltigheim, qui fonde en 1942 le Front de la Jeunesse d’Alsace (FJA). L’organisation encourage la jeunesse à résister à l’incorporation de force dans la Wehrmacht. Capturé alors qu’il tentait de fuir vers la Suisse, il est fusillé à Strasbourg en 1943.

Son frère, Robert Adam, également membre de la résistance, est arrêté et interné, avant d’être relâché. De son côté, Jean-Jacques Bastian, membre de La Main noire, est arrêté, puis incorporé de force dans l’armée allemande avant d’être reconnu, après-guerre, comme déporté résistant.
Une jeunesse engagée, malgré l’annexion
Les résistants alsaciens ont souvent dû faire face à une double menace : celle du régime nazi, mais aussi celle de la méfiance française d’après-guerre, qui ignorait parfois l’ampleur de leur engagement. Leur combat était d’autant plus difficile que l’Alsace avait été administrativement intégrée au Reich, rendant toute action clandestine plus périlleuse.
Nombre d’entre eux, comme Émile Hincker, étudiant en médecine à Strasbourg et membre du réseau Hector, ou Xavier Nicole, agent de liaison, ont connu l’internement au camp de Vorbruck-Schirmeck, tristement célèbre pour avoir enfermé opposants politiques, résistants et « réfractaires » au régime nazi.

Une mémoire à raviver
Aujourd’hui, la mémoire de ces jeunes résistants est entretenue par quelques lieux de mémoire et initiatives pédagogiques, mais elle reste encore trop méconnue du grand public. À Strasbourg, le nom de Marcel Weinum a été donné à un collège. D’autres, comme Alphonse et Robert Adam, restent dans l’ombre malgré leur engagement.
En cette Journée nationale de la Résistance, les commémorations organisées dans le Bas-Rhin visent à rappeler que, même en Alsace annexée, la voix de la liberté a continué à se faire entendre. À travers ces destins souvent tragiques, c’est toute une génération sacrifiée qui mérite d’être honorée.
