L’élection du nouveau souverain pontife, Léon XIV, survenue le 8 mai 2025, suscite une vague d’intérêt jusque dans l’Est de la France. Si le successeur du pape François est un religieux nord-américain, son choix de nom fait écho à une figure marquante de l’histoire de l’Église… et de l’Alsace : le pape Léon IX, seul pape originaire de cette région.
Léon XIV, un nom chargé de sens
Le cardinal américain Robert Francis Prevost, élu pape à l’âge de 69 ans, a choisi de porter le nom de Léon XIV. Ce choix symbolique n’a pas échappé aux observateurs : parmi les treize papes ayant précédemment porté ce nom, Léon IX occupe une place à part. Son pontificat, exercé de 1049 à 1054, a profondément marqué l’histoire de la papauté.
Si le nouveau pape n’a pas explicitement évoqué cette référence, l’association est immédiate pour les Alsaciens. Elle réveille le souvenir de Léon IX, né Bruno d’Eguisheim-Dagsbourg, au cœur de l’Alsace médiévale, non loin de Colmar. Cet homme d’Église réformateur incarne l’un des sommets de l’influence alsacienne dans l’histoire de l’Église catholique.

Un pape alsacien au cœur des réformes médiévales
Issu d’une famille noble du Haut-Rhin, Bruno d’Eguisheim est d’abord évêque de Toul avant d’être élu pape à l’initiative de l’empereur Henri III. Une fois à la tête de l’Église, il mène un vaste programme de réforme pour moraliser le clergé, lutter contre la simonie (vente de charges religieuses) et renforcer la discipline ecclésiastique.
Son pontificat est aussi marqué par une volonté de réaffirmer l’autorité du siège de Rome. Il entreprend de nombreux voyages en Europe pour tenir des conciles et impulser ses réformes. Son action contribue à poser les bases du renouveau spirituel qui marquera l’Église dans les décennies suivantes.
Léon IX est également l’un des acteurs du schisme entre l’Église d’Occident et l’Église d’Orient. En 1054, ses légats à Constantinople excommunient le patriarche Michel Cérulaire, ce qui scelle la rupture entre catholiques et orthodoxes, toujours d’actualité aujourd’hui. Léon IX meurt peu après ces événements, en avril 1054, et sera canonisé quelques décennies plus tard.
Un écho particulier en Alsace
En Alsace, notamment dans les environs d’Eguisheim et de Strasbourg, cette référence pontificale réveille un sentiment d’héritage historique. Léon IX demeure une figure régionale majeure, même si sa mémoire est souvent éclipsée par d’autres personnalités alsaciennes plus récentes.
Le nom choisi par Léon XIV ravive donc ce souvenir, en particulier pour les passionnés d’histoire religieuse et du patrimoine local. À Strasbourg, où l’histoire religieuse et politique de l’Europe a laissé de nombreuses traces, cette nouvelle actualité pontificale suscite l’intérêt.

Un pontificat à suivre de près
Léon XIV, premier pape nord-américain, succède à François dans un contexte marqué par les défis de la gouvernance ecclésiale mondiale. Missionnaire au Pérou pendant de nombreuses années, puis évêque et préfet d’un dicastère romain, il est attendu sur les dossiers sensibles de l’unité de l’Église, des abus, et de la réforme administrative de la Curie.
Si l’histoire ne se répète jamais tout à fait, le souvenir de Léon IX rappelle que les réformes profondes de l’Église sont souvent portées par des figures audacieuses, enracinées dans leur temps… et parfois, dans une région comme l’Alsace.
