Ce samedi 24 mai 2025, la Ville de Strasbourg a franchi une nouvelle étape de sa diplomatie de solidarité en accueillant une délégation officielle du camp de réfugiés d’Aïda, situé à proximité de Bethléem en Cisjordanie. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre d’un projet de jumelage inédit, entre une grande ville française et un camp de réfugiés palestinien.
Menée par Said Mohammad Abdelrahman Alazzeh, président du Comité Populaire du camp, la délégation comprenait plusieurs figures locales engagées : notamment des représentants du centre culturel Alrowwad et du centre de jeunesse du camp.
Dans une déclaration publique, la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian a souligné la portée symbolique et humaine de cette rencontre :
« C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai accueilli aujourd’hui une délégation palestinienne à l’Hôtel de Ville menée par Said Mohammad Abdelrahman Alazzeh, président du Comité Populaire du Camp d’Aïda, situé à côté de Bethléem. »

Un projet fondé sur des échanges culturels déjà existants
Cette initiative ne sort pas de nulle part. Depuis plusieurs années, des ponts culturels ont été bâtis entre Strasbourg et le camp d’Aïda. En 2023, des jeunes danseurs, musiciens et artistes du camp avaient été accueillis lors du festival Musica. Des liens ont ainsi été tissés à travers la musique, le théâtre et l’engagement éducatif.
Le camp d’Aïda, administré par l’UNRWA, est l’un des plus petits et densément peuplés camps de Cisjordanie. Il abrite environ 7 000 personnes sur à peine 4 hectares, confrontées à des conditions de vie précaires. Malgré cela, il se distingue par une activité culturelle et éducative intense, portée notamment par le centre Alrowwad, qui prône « la beauté comme forme de résistance ».
Des coopérations concrètes à venir
La rencontre entre la Ville et les représentants du camp a permis de poser les bases d’un futur partenariat autour de projets concrets. Culture, jeunesse, sport : les acteurs locaux, associations, élu·es et membres de la société civile étaient présents pour imaginer ce que pourrait être ce jumelage sur le terrain.
Comme l’a affirmé la maire :
« La délégation a fait le voyage jusqu’à nous pour travailler ensemble, avec les acteurs locaux engagés, les associations strasbourgeoises, les élu·es, afin de définir les axes et projets qui feront le futur jumelage avec le camp de réfugiés d’Aïda, par exemple en matière de culture, de jeunesse, de sport. »


Un message politique en faveur de la paix
Ce geste s’inscrit dans un contexte international tendu, notamment à Gaza, où la situation humanitaire est qualifiée d’« inacceptable » par de nombreuses ONG. À ce sujet, Jeanne Barseghian a exprimé clairement son positionnement :
« Nos pensées vont vers l’ensemble des Palestiniens, vers Gaza, où la situation est inacceptable, le risque génocidaire réel. »
Elle a ajouté :
« L’aide humanitaire doit entrer sans entrave et sans condition, le blocus doit être levé immédiatement, les habitants de Gaza doivent avoir accès à l’électricité, à l’eau, aux soins de santé. »
Mais au-delà de l’urgence humanitaire, la maire rappelle que l’objectif à long terme doit rester la paix par la justice :
« La paix, nous devons la construire pas à pas, dans chaque échange, dans chaque prise de parole. »
« Strasbourg est la preuve qu’il ne faut jamais désespérer de la paix : d’un champ de bataille, nous sommes devenus la ville de la réconciliation. »
Une décision attendue au conseil municipal
Ce jumelage entre Strasbourg et le camp d’Aïda devrait être soumis au vote lors du prochain conseil municipal, en juin. S’il est adopté, il s’agira du premier jumelage officiel entre une ville française et un camp palestinien.
Ce projet ne manquera pas de susciter l’attention, tant pour sa portée symbolique que pour les implications concrètes qu’il pourrait générer à moyen terme.

Strasbourg, une ville engagée à l’international
En tant que capitale européenne, Strasbourg continue de faire valoir son rôle de ville engagée, active sur les scènes diplomatiques et humanitaires. Jeanne Barseghian a conclu son message par ces mots :
« Notre ville ne reste pas spectatrice face aux injustices. Elle se mobilise, elle agit, elle se tient debout aux côtés de celles et ceux qui, ailleurs dans le monde, se battent pour la dignité, la liberté et la paix. »
