Le roi est né à Strasbourg. À seulement 27 ans, Bilel Bellahcene, enfant du quartier de Cronenbourg, vient d’inscrire son nom en lettres d’or dans l’histoire des échecs africains. Le 20 mai dernier, au terme d’un championnat haletant disputé au Pyramids Park Resort au Caire, le Strasbourgeois est devenu le premier joueur algérien à décrocher le titre de champion d’Afrique individuel d’échecs, mettant fin à près d’une décennie de domination égyptienne.
Un parcours hors normes
Né à Strasbourg, Bilel Bellahcene a grandi dans une fratrie passionnée par les échecs. Formé au Cercle d’échecs de Bischwiller, il brille dès son plus jeune âge. Entre 2009 et 2014, il est cinq fois champion de France jeunes, et s’illustre à l’international en remportant notamment le championnat du monde de blitz des moins de 16 ans en 2014.
Il devient grand maître international (GMI) en 2018. Cette même année, il choisit de représenter l’Algérie sur la scène internationale.

Une victoire historique au Caire
Lors du Championnat d’Afrique 2025, Bellahcene a su maîtriser la pression face à une armada de joueurs égyptiens. Au terme de neuf rondes âprement disputées, trois joueurs — Bellahcene, l’Égyptien Ahmed Adly et son compatriote Bassem Amin — terminent ex æquo avec 7 points. C’est le système de départage Buchholz, qui prend en compte la performance des adversaires affrontés, qui donne l’avantage au Strasbourgeois.
Ce succès est d’autant plus marquant que depuis 2017, le titre continental était alternativement détenu par Adly et Amin. La victoire de Bellahcene sonne comme une rupture nette dans l’ordre établi du jeu d’échecs africain.

Une stratégie à la Kasparov
Ce n’est pas un hasard si certains observateurs comparent son style à celui de Garry Kasparov. Bellahcene se distingue par un jeu offensif, une grande anticipation tactique et une capacité rare à créer des dynamiques complexes sur l’échiquier. Ces qualités lui ont permis d’affronter les meilleurs joueurs du continent avec assurance, sang-froid et créativité.
Désormais, Bellahcene vise plus haut encore : les tournois mondiaux, avec l’objectif de représenter dignement l’Algérie — et indirectement Strasbourg — sur l’échiquier planétaire. Son prochain objectif : franchir la barre symbolique des 2600 points Elo pour intégrer le cercle très restreint des super grands maîtres.
