Ce vendredi après-midi, des agriculteurs affiliés à la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles) se sont rassemblés devant la permanence de la députée écologiste Sandra Regol, dans le centre de Strasbourg. Une banderole a été déployée, affichant un message rappelant que « l’environnement ne s’arrête pas aux frontières et qu’il faut produire localement », en réaction à la position de l’élue sur la proposition de loi Duplomb.

Cette mobilisation visait à interpeller la députée de la première circonscription du Bas-Rhin sur le soutien à accorder à ce texte, présenté par ses promoteurs comme une réponse aux difficultés rencontrées par le monde agricole, en particulier en allégeant certaines réglementations.

Sandra Regol dénonce « une bombe à retardement »

Interpellée par cette action, Sandra Regol a réagi dans un communiqué en rappelant que « les écologistes ont toujours défendu les agriculteurs ». Selon elle, le texte défendu par la majorité de droite ne répond pas aux causes profondes de la crise agricole : “Ce texte prétend répondre à la crise agricole mais ne fait que valider un modèle qui met en réalité en danger ceux-là mêmes qu’il prétend défendre.”

La députée dénonce un projet de loi qui, loin d’alléger les contraintes structurelles pesant sur les exploitants, « enferme notre agriculture dans la dépendance aux pesticides, des coûts de production toujours plus élevés, et des techniques qui nous éloignent des solutions fondées sur le vivant et les écosystèmes. »

Elle alerte notamment sur le retour de certains produits phytosanitaires comme les néonicotinoïdes, qu’elle qualifie de “véritable bombe à retardement pour la santé publique et la biodiversité.” Selon elle, leur réintroduction menace directement les pollinisateurs, indispensables à de nombreuses cultures, et expose la population, notamment les enfants, à des substances neurotoxiques telles que l’acétamipride.

Un modèle agricole à repenser

Face à la critique portée par les manifestants, Sandra Regol dit partager un objectif commun : celui d’une production locale et résiliente. “Les écologistes ont toujours défendu une production et une consommation locale et se sont opposés aux traités de libre échange qui ruinent notre production agricole”, déclare-t-elle. “Les mêmes politiques sont menées depuis 40 ans et la situation des agriculteurs n’en finit pas de s’aggraver. Peut-être est-il temps de changer enfin de modèle.”

Elle rappelle par ailleurs que le groupe Écologiste et Social à l’Assemblée nationale a fait adopter une proposition de loi visant à garantir un revenu digne aux agriculteurs et à accompagner la transition agricole, tout en publiant une feuille de route détaillée pour une transition juste du secteur.

Un débat qui divise

La mobilisation de la FDSEA illustre une fracture persistante entre certains syndicats agricoles et les représentants écologistes, sur fond de désaccords profonds quant à l’avenir du modèle agricole français. Alors que les tensions s’expriment de plus en plus fréquemment sur le terrain, la députée appelle à un changement de cap : “Les difficultés de la profession agricole sont bien réelles, mais ce n’est pas avec ces renoncements que nous pourrons les résoudre. Nous devons au contraire tout mettre en place pour aller vers un modèle durable, vertueux pour le monde agricole et pour l’environnement.”