Face à la recrudescence des incivilités dans l’espace public, la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg passent à la vitesse supérieure. Objectif : faire reculer les dépôts sauvages qui ont atteint un niveau préoccupant. En 2024, pas moins de 320 tonnes de déchets illégalement abandonnés ont été ramassées dans les rues de la capitale alsacienne. Un chiffre en hausse, qui a poussé les autorités locales à prendre de nouvelles mesures fermes.

Vers des sanctions administratives beaucoup plus lourdes

La maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, a annoncé lundi 12 mai un changement d’approche : la verbalisation pénale laisse place à des sanctions administratives, plus flexibles mais potentiellement plus sévères. Un arrêté municipal, qui doit entrer en vigueur d’ici l’été, permettra d’ajuster le montant des amendes au coût réel du traitement des déchets. Ce montant pourra désormais atteindre jusqu’à 15 000 €, selon la gravité du dépôt : poids, nature, impact environnemental ou dangerosité.

Les sites les plus touchés, appelés hot spots, feront l’objet d’une attention renforcée. Des panneaux y signaleront explicitement l’interdiction et les sanctions encourues. Une vingtaine de ces zones à problèmes, souvent situées dans des quartiers prioritaires, ont été identifiées, notamment pour des dépôts réalisés par des professionnels.

Une stratégie « zéro tolérance »

La municipalité entend aussi responsabiliser davantage les entreprises, souvent pointées du doigt. Elles sont appelées à utiliser les filières de Responsabilité élargie du producteur (REP), via des éco-organismes ou des structures comme Emmaüs, Envie, ou les déchetteries. Le service municipal d’enlèvement des encombrants reste également mobilisable.

« Zéro tolérance » : c’est le mot d’ordre désormais affiché par les élus, qui veulent agir vite et fort, en particulier auprès des professionnels de la construction ou du commerce.

Les mégots dans le viseur

Les incivilités liées aux mégots de cigarette sont elles aussi dans le collimateur des autorités. Un seul mégot peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau. L’Eurométropole veut réduire leur présence de 35 % d’ici 2027, avec une stratégie de sensibilisation déjà testée dans huit zones pilotes. Cette campagne sera désormais déployée le long d’un axe allant de la Gare à Rivétoile.

Des kits de sensibilisation (chevalets, sous-bocks, cendriers de poche) seront distribués aux commerçants avec terrasse, en partenariat avec les Vitrines de Strasbourg et l’UMIH. Par ailleurs, 250 cendriers urbains ont été installés, et les corbeilles publiques des zones fumeurs sont désormais équipées d’éteignoirs.

Les déjections canines, autre fléau urbain

Autre nuisance bien connue des Strasbourgeois : les déjections canines. En 2024, cinq millions de canisacs ont été distribués dans 238 bornes de la ville. Pourtant, certains maîtres continuent de se soustraire à leurs responsabilités. Ils s’exposent à une amende de 135 €, appliquée par la police municipale ou les éco-brigades spécialement formées pour ce type d’infraction.

Les équipes de propreté urbaine, elles, ne ménagent pas leurs efforts. Présentes 7 jours sur 7 dès 5h du matin, elles ont collecté au total 8 316 tonnes de déchets sur l’ensemble de l’année 2024.

Une mobilisation à tous les niveaux

La lutte contre les incivilités passe par une mobilisation coordonnée : élus, services de la Ville, commerçants, citoyens. Chacun est appelé à faire sa part pour préserver l’espace public et améliorer la qualité de vie.

« Strasbourg, ville à vivre », ne saurait se conjuguer sans propreté partagée. Les nouvelles mesures entendent rappeler que la rue n’est ni une poubelle, ni un dépotoir. Et que chacun y a un rôle à jouer.