Alors que le débat national sur la participation citoyenne s’intensifie à l’approche des élections municipales de 2026, plusieurs figures politiques strasbourgeoises s’unissent pour proposer une innovation démocratique locale : le référendum d’initiative partagée à l’échelle communale. Dans cette tribune, Etienne Loos, Fabienne Keller et Bruno Studer appellent à faire de Strasbourg un laboratoire de cette expérimentation, en réponse à une demande croissante d’implication citoyenne et à un contexte local marqué par une défiance envers les pratiques actuelles de gouvernance.

Le président de la République a confirmé hier soir le lancement d’une convention citoyenne sur les rythmes de l’enfant et a réaffirmé son intention de recourir au référendum d’ici la fin du quinquennat. Loin de la violence des débats parlementaires, cet exercice plébiscité des Français, devrait inspirer les programmes électoraux des prochaines élections municipales.
Dans nos communes, revitaliser la démocratie participative aurait plus de sens encore. Et pour cause, comme le souligne un sondage Odoxa1 publié récemment, c’est à l’échelle locale que nos concitoyens « puisent l’énergie pour espérer et agir ». Plus de 60% d’entre eux « croient encore à un avenir meilleur » et souhaitent s’engager localement pour le mettre en œuvre. Parallèlement, le baromètre 2025 du CEVIPOF2 démontre que les maires échappent au rejet massif dont souffre la classe politique nationale. Or, la réussite d’un exercice de démocratie participative est justement conditionnée au lien de confiance entre citoyens et institutions.
Dès lors, profitons de cet optimisme local pour libérer les énergies et renforcer le pouvoir d’initiative de nos concitoyens. Nous proposons d’expérimenter un « référendum local d’initiative partagée ».
Concrètement, une proposition citoyenne conforme aux compétences de la ville et soutenue par la signature de 5% des électeurs et des conseillers municipaux, serait automatiquement débattue en conseil municipal. Si elle n’y est pas adoptée, elle serait alors soumise par le maire à un référendum local. Le quorum qui conditionne la validité de ce dernier, aujourd’hui fixé à 50% des électeurs inscrits, gagnerait également être abaissé ou supprimé par le Parlement.
Pour encourager un large réflexe démocratique, ces scrutins seraient organisés partout en France lors d’une journée annuelle de la démocratie, que soutient déjà la présidente de l’Assemblée nationale. À l’image de l’Estonie, un vote électronique sécurisé via France Identité serait disponible en complément des bureaux traditionnels.
Strasbourg, réputée pour sa tradition consensualiste et capitale parlementaire européenne, serait un territoire d’expérimentation idéal pour ce dispositif, de par sa proximité avec l’Allemagne et la Suisse, où des exercices similaires ont déjà fait leurs preuves.
Au-delà du symbole, à l’image d’autres villes conquises par les écologistes en 2020, Strasbourg souffre depuis 5 ans d’un recul en matière de démocratie participative (budget deux fois inférieur aux villes de taille similaire, dégradation des relations entre l’exécutif et les collectifs citoyens, réunions de quartier manipulée, etc.) Fait rarissime, le principal projet d’aménagement du mandat – l’extension du réseau du tramway – a été retoqué par la commission d’enquête publique3, dénonçant un projet qui n’a « pas su prendre en compte l’expression populaire » ni « aboutir à un compromis acceptable. »
Avec cette proposition, nous continuons à défendre le renouvellement des pratiques politiques, qui figure dans l’ADN de notre parti depuis sa genèse. Il passe par une démocratie participative intransigeante sur ses fondements méthodologiques, garante du devoir de suite vis-à-vis des participants, et à l’initiative de nos concitoyens.

À travers cette proposition, les auteurs défendent une vision exigeante et concrète de la démocratie participative, enracinée dans le territoire et tournée vers l’avenir. Alors que Strasbourg s’apprête à vivre une nouvelle séquence électorale déterminante, cette tribune invite à repenser le rôle des citoyens dans la fabrique des décisions publiques. Un appel à l’expérimentation qui pourrait bien dessiner les contours d’une démocratie locale renouvelée.
