Depuis le 8 mai, les embouteillages s’accumulent à la frontière franco-allemande, conséquence directe d’un durcissement des contrôles migratoires côté allemand. Inquiétudes croissantes à Strasbourg et Kehl.

C’est une image que l’on croyait appartenir au passé : celle de files de voitures interminables à l’entrée du pont de l’Europe, avenue du Rhin bloquée, tramways immobilisés à la station Port-du-Rhin, contrôles systématiques. Depuis plusieurs jours, les Strasbourgeois vivant au rythme des échanges transfrontaliers avec Kehl subissent d’importants bouchons. À l’origine : la décision du gouvernement allemand de renforcer brutalement les contrôles à la frontière, avec des conséquences concrètes et immédiates.

Un changement de cap politique à Berlin

Dans le contexte d’un durcissement de la politique migratoire en Allemagne, les autorités fédérales ont ordonné une intensification des contrôles à toutes les frontières, y compris celle avec la France. Objectif : permettre à la police allemande de refouler certains demandeurs d’asile dès leur entrée sur le territoire, notamment ceux déjà enregistrés dans un autre pays de l’Union européenne.

Cette nouvelle orientation a été mise en œuvre sans coordination préalable avec les collectivités locales françaises ou allemandes riveraines du Rhin. Si des contrôles étaient déjà en place depuis septembre 2024, ils étaient jusqu’ici sporadiques et discrets.

Jusqu’à 30 minutes de bouchons, trams à l’arrêt

Les conséquences ne se sont pas fait attendre. Voitures immobilisées, passagers contrôlés un à un, tramways bloqués de longues minutes sur la ligne D : la fluidité habituelle du passage entre Strasbourg et Kehl a disparu. Selon plusieurs témoins, des embouteillages de plus de 30 minutes ont été constatés aux heures de pointe, notamment au niveau du pont de l’Europe et de l’avenue du Rhin.

Les retards impactent directement les travailleurs frontaliers, les lycéens, les familles et l’ensemble des usagers quotidiens du bassin de vie transfrontalier. L’effet est d’autant plus visible que la frontière entre Strasbourg et Kehl est l’une des plus fréquentées du pays.

Les maires de Strasbourg et Kehl réagissent

Face à cette situation, les maires de Strasbourg et Kehl, Jeanne Barseghian et Wolfram Britz, ont publié une déclaration commune pour dénoncer les effets de ces mesures. Ils demandent un retour à des contrôles « proportionnés » et « compatibles avec la vie quotidienne des habitants ».

Dans leur message, ils regrettent également le manque de concertation, tout en soulignant le caractère symbolique de la date du 8 mai – anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale – pour mettre en œuvre de telles mesures à une frontière historiquement sensible.

Quelle durée pour ces contrôles ?

Aucune date de fin n’a été annoncée par le gouvernement allemand. À ce stade, les contrôles renforcés sont donc maintenus pour une durée indéterminée, laissant les habitants dans l’incertitude. Les autorités locales, tant françaises qu’allemandes, appellent au dialogue pour préserver la cohésion de cet espace transfrontalier unique en Europe.

Des solutions à court terme ?

En attendant un éventuel allègement des mesures, les automobilistes sont invités à anticiper leurs trajets et à consulter les informations sur l’état du trafic en temps réel. Les transports alternatifs ne sont pas épargnés, les tramways étant eux aussi sujets aux vérifications de la police fédérale allemande.

Les élus locaux, de leur côté, poursuivent les discussions avec les représentants des États pour faire entendre la voix des riverains, dans l’espoir d’un retour rapide à une situation plus fluide et respectueuse de la réalité quotidienne du bassin rhénan.