Ce mercredi 7 mai marque une date douloureuse : le troisième anniversaire de l’arrestation de Cécile Kohler, enseignante alsacienne, et de son compagnon Jacques Paris, emprisonnés en Iran depuis 2022. Alors que leur détention se prolonge dans des conditions dénoncées comme « comparables à la torture » par la diplomatie française.

Cécile Kohler n’est pas une inconnue dans notre région. Cette enseignante de français originaire de Colmar dirigeait la Fédération nationale de l’enseignement, de la culture et de la formation professionnelle (FNEC FP-FO) avant son arrestation. Militante syndicale reconnue, elle s’était rendue en Iran avec son compagnon Jacques Paris, ancien professeur de mathématiques à la retraite, pour un voyage touristique.

C’est le 7 mai 2022, alors qu’ils s’apprêtaient à quitter le territoire iranien à l’aéroport de Téhéran, que le couple a été interpellé par les autorités locales. Quatre jours plus tard, le 11 mai, le ministère iranien du Renseignement annonçait officiellement leur arrestation, les accusant de « promotion du désordre » et d’ »incitation au chaos« . Selon les autorités iraniennes, ils auraient rencontré des représentants syndicaux locaux dans le but de fomenter des manifestations.

Quelques mois après leur arrestation, en octobre 2022, la télévision d’État iranienne diffusait des « aveux » des deux Français. On y voyait notamment Cécile Kohler affirmer être agent des services français, et Jacques Paris admettre un rôle similaire. Des déclarations obtenues sous la contrainte selon la France, qui a formellement démenti ces accusations d’espionnage pour le compte de la DGSE.

Le ministère français des Affaires étrangères n’hésite pas à qualifier ces conditions de détention de « comparables à la torture« . L’isolement quasi permanent, les pressions psychologiques répétées et l’interdiction de recevoir des livres ou du courrier aggravent encore leur situation.

Malgré l’annonce en septembre 2023 de la clôture de l’enquête et du renvoi du dossier devant la justice iranienne, aucune date de procès n’a été communiquée à ce jour. Les autorités iraniennes se contentent d’affirmer que les deux Français sont « en bonne santé« , sans fournir de détails sur d’éventuelles garanties d’un procès équitable.

Face à cette situation qui s’éternise, la France a décidé de durcir le ton. Le 3 avril dernier, le gouvernement français a annoncé son intention de porter l’affaire devant la Cour internationale de Justice, dénonçant le non-respect de la Convention de Vienne et la privation de l’accès consulaire de ses ressortissants.

Le président Emmanuel Macron et le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot ont multiplié les appels publics à leur libération, qualifiant sans détour leur détention d’ »arbitraire » et les considérant comme des « otages d’État« .

En France, et particulièrement dans notre région où Cécile Kohler a ses racines, la mobilisation ne faiblit pas. Plusieurs dizaines de rassemblements de solidarité sont organisés chaque année, notamment autour du 7 mai, à l’appel des familles et d’organisations de défense des droits humains.

Les proches des détenus poursuivent également leurs démarches auprès des institutions internationales. En mai 2024, ils ont notamment saisi le groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations Unies.

Si Cécile Kohler et Jacques Paris demeurent les derniers ressortissants français encore détenus en Iran, d’autres ont récemment retrouvé la liberté. Fariba Adelkhah a été libérée en 2023, Louis Arnaud en juin 2024, et plus récemment Olivier Grondeau en mars 2025.

Ces libérations successives représentent une lueur d’espoir pour les familles, qui comptent sur le maintien de la pression diplomatique et médiatique. La mobilisation nationale et internationale reste plus que jamais d’actualité, dans l’attente d’un dénouement que tous espèrent proche pour ces deux Français qui entament aujourd’hui leur quatrième année de détention.