Le 2 mai 1945, Charles Frey, alors maire de Strasbourg, adressait un message d’accueil chaleureux aux prisonniers de guerre, déportés politiques et travailleurs forcés qui regagnaient la France. Retour sur ce document historique qui témoigne de la solidarité strasbourgeoise dans l’immédiat après-guerre.
Une ville meurtrie qui tend les bras aux rescapés
Le 2 mai 1945, alors que Strasbourg avait été libérée quelques mois plus tôt, le 23 novembre 1944, la ville commençait à recevoir les premiers retours de ceux qui avaient été arrachés à leur patrie pendant l’occupation. Pour marquer ce moment historique, Charles Frey, maire de Strasbourg, avait rédigé un message d’accueil empreint d’émotion et de fraternité.
« C’est avec une immense joie que Strasbourg salue le retour des prisonniers, déportés et travailleurs forcés qui viennent de la terre d’exil en notre douce France« , écrivait le maire dans ce message officiel destiné à être l’une des premières paroles françaises entendues par ces hommes et femmes qui retrouvaient leur pays.

Strasbourg, première étape du retour en France
La position géographique de Strasbourg en faisait la première ville française que traversaient de nombreux rapatriés venant de l’Est. Consciente de ce rôle symbolique, la municipalité avait organisé un dispositif d’accueil malgré les difficultés matérielles considérables de l’époque.
Dans son message, le maire reconnaissait les limites de cet accueil : « Si ce que notre ville peut vous offrir est loin d’être parfait, c’est qu’elle aussi a été cruellement éprouvée par les bombardements et par quatre années d’oppression.«
Une empathie née de l’expérience partagée
Cette proclamation municipale exprime une solidarité particulière, née d’une souffrance commune. « Ainsi elle sait quel était votre sort et elle connaît toutes vos souffrances« , soulignait Charles Frey, rappelant que Strasbourg avait elle-même enduré l’occupation et ses rigueurs.
Le message établit un parallèle entre l’expérience des déportés et prisonniers et celle de la ville elle-même, toutes deux ayant gardé leur identité française malgré les épreuves : « Malgré les vicissitudes passées, son cœur et son âme sont restés bien français et elle vous présente une image de la France qui, meurtrie et appauvrie, a su garder son âme, sa foi, sa grandeur.«

Un accueil qui se voulait comme un retour à la maison
La conclusion du message témoigne de la volonté d’offrir plus qu’un simple transit aux rapatriés. « Strasbourg n’a qu’un désir : c’est que pendant les courts moments que vous passez dans ses murs, vous vous sentiez déjà chez vous, en pays natal« , écrivait Charles Frey.
Ces mots résonnent aujourd’hui comme un témoignage précieux de l’histoire de notre ville, rappelant comment Strasbourg, à peine libérée elle-même, s’est mobilisée pour accueillir ceux qui revenaient de l’enfer de la déportation et de la captivité.
Alors que nous commémorons le 80ème anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce document nous rappelle les valeurs de solidarité et d’humanité qui ont guidé la reconstruction de notre ville et de notre nation dans l’après-guerre.
