Ce lundi 21 avril 2025 marque le 103e anniversaire de naissance de Valérie André, née à Strasbourg en 1922. Première femme à obtenir le grade de général dans l’armée française, elle fut aussi une pionnière de l’aviation militaire, médecin de guerre, résistante et grande figure de l’histoire du XXe siècle. Si son nom reste associé aux grandes heures de l’histoire militaire française, son lien avec sa ville natale est parfois oublié.

Valérie André grandit à Strasbourg à une époque marquée par l’entre-deux-guerres, dans une Alsace encore profondément marquée par les blessures de la Première Guerre mondiale. Elle entame des études de médecine dans sa ville natale, à la faculté de médecine de Strasbourg, mais la guerre interrompt rapidement sa formation. Réfugiée à Clermont-Ferrand après la débâcle de 1940, elle y poursuit ses études et s’engage dans la Résistance.

Dans l’après-guerre, elle devient l’une des premières femmes militaires à obtenir une formation de pilote d’hélicoptère. Elle participe à des opérations en Indochine dès 1949, y réalisant des évacuations sanitaires audacieuses en zone de combat, souvent seule à bord de son appareil. Elle totalisera plus de 400 missions, en sauvant des centaines de blessés. Elle servira également en Algérie.

En 1976, elle devient la première femme à porter le grade de général dans l’histoire des armées françaises. Une première dans une institution alors exclusivement masculine à ses plus hauts échelons. Elle sera également membre du Conseil de l’Ordre de la Légion d’honneur et de l’Académie des sciences morales et politiques.

Malgré ce parcours exceptionnel, peu de signes visibles à Strasbourg rappellent encore aujourd’hui sa mémoire. Ni rue, ni bâtiment public ne porte son nom dans sa ville natale, contrairement à d’autres villes françaises qui ont commencé à lui rendre hommage, comme Paris ou Pau. La plaque commémorative la plus proche se trouve à Paris, aux Invalides, où son nom est inscrit au Panthéon des grands militaires.

Son ancrage alsacien, pourtant, fut fort. En plus de ses études entamées à Strasbourg, Valérie André parlait l’alsacien, et n’a jamais renié son identité régionale. L’Alsace a produit plusieurs figures majeures de la Résistance et de l’armée française, mais peu de femmes y ont acquis une reconnaissance nationale comparable à celle de Valérie André.

En ce 103e anniversaire, plusieurs voix appellent à inscrire davantage sa mémoire dans l’espace public local, notamment dans un contexte où les figures féminines historiques restent sous-représentées dans la toponymie strasbourgeoise. Une demande qui pourrait gagner en écho alors que la Ville poursuit sa politique de féminisation des noms de rues et d’établissements scolaires.