Liens utiles pour comprendre la situation :
DNA – Non, cette boulangerie n’a pas été la cible d’une attaque antisémite
France 3 – Comment une fausse information a enflammé les réseaux
Le Parisien – Aurore Bergé relaye une fausse information
HuffPost – La préfecture dément


STRASBOURG – En quelques heures, une rumeur montée en épingle sur les réseaux sociaux a mis le feu à l’opinion. Dimanche soir, une vidéo montrant des manifestants en train de scander des slogans devant une boulangerie du centre-ville a été présentée, à tort, comme une attaque antisémite. Plusieurs personnalités politiques, nationales comme locales, ont alors pris la parole… sans vérifier les faits.

Une fausse information qui s’emballe

Il n’aura suffi que de quelques publications sur X (ex-Twitter) pour que la mèche s’enflamme. Gilbert Collard, Jean Messiha, Aurore Bergé, Géraldine Woessner, Bruno Attal, G-William Goldnadel, Meyer Habib, Aurélie Assouline ou encore Amine El Khatmi ont réagi avec une rapidité déconcertante, relayant une information non vérifiée, certains taguant des ministres, des influenceurs et des comptes engagés.

Leur version ? Une boulangerie aurait été prise pour cible « parce qu’elle est tenue par des Juifs » ou parce qu’elle « serait israélienne ». Une affirmation balayée dès le lendemain par la préfecture du Bas-Rhin, qui a fermement démenti tout mobile antisémite et précisé que les incidents n’avaient rien de ciblé. Les forces de l’ordre n’ont relevé aucune agression ni dégradation intentionnelle contre cette boutique.

Pourquoi un tel emballement sans vérification ? La question reste posée. Et ce n’est pas la première fois qu’un fait divers est interprété hâtivement à des fins politiques ou émotionnelles. L’absence de discernement et la précipitation interrogent, surtout lorsque ces mêmes figures sont parfois bien moins promptes à réagir sur d’autres enjeux de société.

Localement, la confusion aussi

À Strasbourg même, l’affaire a rapidement pris de l’ampleur. La socialiste Pernelle Richardot s’est fendue d’un post Facebook alarmant : « Des silences coupables d’une municipalité qui reste au mieux tétanisée, au pire indulgente« .

Une déclaration qui a fait bondir certains internautes. Ahmed lui a répondu sans détour : « Honte à vous« , tandis que Leila accuse Richardot de complicité avec une vision biaisée : « Le bras droit du CRIF à Strasbourg… L’histoire retiendra votre complicité et votre lâcheté face à un génocide transmis en direct ».

Etienne Loos, lui aussi, n’a pas résisté à rédiger un post sur Facebook : « Insoutenables images d’une boulangerie à Strasbourg, prise pour cible parce que considérée comme tenue par des Juifs ».

Mais cette affirmation a rapidement été contredite par Zek, un Strasbourgeois présent sur place, qui a rétorqué : « Gros gros fake news, les vidéos tournent sur les réseaux sociaux. Erreur de débutant, je vous parie qu’il va effacer« .

Et effectivement, Etienne Loos a discrètement supprimé son message.

Entre rectificatif et silence gêné

À noter : Pernelle Richardot a eu au moins le mérite de publier un rectificatif ( contrairement à Étienne Loos ), tout en maintenant sa critique sur le silence supposé des élus : « Je n’enlève cependant pas une virgule à ce que j’ai écrit ci-dessous concernant le silence des élues« .

Mais le plus marquant est sans doute l’intervention de Zek, témoin direct de la scène, qui a pris l’initiative de publier une vidéo explicative. Il y démontre que la manifestation, bien qu’animée, n’a jamais visé spécifiquement cette boulangerie, et qu’aucun slogan antisémite n’a été entendu.

Quand l’émotion prend le pas sur la vérité

Cette affaire illustre une dérive bien connue : l’instantanéité des réseaux sociaux, alliée à la surenchère politique, peut transformer un simple fait mal interprété en « vérité alternative ». Au prix de la stigmatisation, de la peur, et de la division.

Pour les Strasbourgeois, un rappel s’impose : l’information, la vraie, celle qui éclaire sans attiser, ne se trouve pas dans les réactions à chaud, mais dans le travail des journalistes et des témoins présents sur le terrain. Strasbourg mérite mieux que des emballements sans fondement.