Le Contrat de Plan État-Région 2023-2027 marque un tournant pour les infrastructures de transport, avec une attention particulière aux installations strasbourgeoises

C’est un investissement d’une ampleur sans précédent qui a été officialisé la semaine dernière. Le préfet de région, Jacques Witkowski, et le président de la Région Grand Est, Franck Leroy, ont signé jeudi dernier l’avenant d’intégration du volet Mobilités au Contrat de Plan État-Région (CPER) Grand Est. À la clé : plus de 2,1 milliards d’euros consacrés aux infrastructures de transport du territoire sur la période 2023-2027.

Des ambitions vertes

Cet effort budgétaire considérable traduit une volonté claire : accélérer la transition écologique en favorisant les modes de transport décarbonés. En effet, 84% des opérations concernent des moyens de déplacement plus respectueux de l’environnement.

Le ferroviaire et les transports collectifs sont les grands gagnants de ce plan, avec 1,5 milliard d’euros d’investissements, soit 70% de l’enveloppe totale. Les Services Express Régionaux Métropolitains (SERM) se taillent la part du lion avec 650 millions d’euros alloués à l’amélioration globale de l’offre de transport pour les métropoles, dont Strasbourg, ainsi que pour les territoires périurbains et ruraux environnants.

La modernisation du réseau n’est pas en reste, avec notamment la poursuite de l’électrification de la ligne 4 Paris-Troyes et l’augmentation des capacités électriques, pour un montant total de 280 millions d’euros. S’y ajoutent 35 millions pour la résorption des passages à niveau.

Les lignes de desserte fine du territoire, essentielles pour désenclaver certaines zones rurales, bénéficieront d’une enveloppe de 240 millions d’euros. Les personnes à mobilité réduite verront également leur quotidien facilité grâce à 98 millions consacrés à la mise en accessibilité des gares.

Le fluvial, atout maître de la région

Dans une région traversée par plusieurs grands axes fluviaux, dont le Rhin qui borde Strasbourg, les investissements dans les ports et le réseau fluvial atteignent 210 millions d’euros, soit 10% du budget total. Un choix stratégique pour une région qui abrite de nombreuses installations portuaires connectées aux grands ports maritimes, et qui mise sur l’essor du fret fluvial et ferroviaire.

Gambsheim : vitrine des ambitions régionales

À quelques kilomètres au nord de Strasbourg, le site fluvial de Gambsheim incarne parfaitement les ambitions de ce plan d’investissement. Ses écluses, les plus grandes de France et les deuxièmes d’Europe (270 mètres de long pour 24 mètres de large), permettent le passage quotidien de 65 à 80 bateaux et le transport de près de 15 millions de tonnes de marchandises par an.

Datant de 1974, ces infrastructures font l’objet d’une modernisation d’envergure. La rénovation du premier sas a été achevée en juin 2024 pour un montant de 16,06 millions d’euros, dont 3,3 millions financés par la Région. Les travaux du second sas viennent de commencer, pour un budget similaire de 16,2 millions d’euros.

Sur le même site, le Centre d’Alerte Rhénan d’Informations Nautiques de Gambsheim (CARING) joue un rôle crucial dans la supervision de la navigation rhénane internationale. Véritable tour de contrôle opérationnelle 24h/24 et 7j/7, il assure notamment l’annonce et le suivi des crues du Rhin, la coordination en cas de pollution ou d’accident, ainsi que le suivi des transports de matières dangereuses.

Un nouveau bâtiment regroupant le CARING, un poste de commande centralisé et une partie des équipes de Voies Navigables de France (VNF) est actuellement en construction. Les travaux, démarrés en 2024, doivent s’achever fin 2025, pour un coût total de 5,5 millions d’euros.

Un plan aux multiples facettes

Le vélo n’est pas oublié, faisant pour la première fois son entrée dans un CPER, avec un soutien aux projets de véloroutes inscrites aux schémas national et régional.

Le réseau routier bénéficie quant à lui d’une enveloppe de 330 millions d’euros (16% du total), destinée aux axes structurants de déplacement, notamment sur les RN4, RN44 et A31bis, ainsi qu’à des opérations déjà engagées comme sur la RN135.

Un suivi rigoureux

Adopté par la Région en séance plénière le 17 octobre 2024, ce plan d’investissement fera l’objet d’un suivi à travers divers indicateurs, afin de mesurer son impact effectif sur le report modal vers des modes de transport plus durables.

Pour les habitants de l’Eurométropole de Strasbourg, déjà engagée dans une politique ambitieuse de mobilités douces, ces investissements régionaux et nationaux devraient venir renforcer les infrastructures existantes et faciliter les déplacements quotidiens, tout en contribuant à l’objectif de transition écologique.