Suite au rejet par le conseil d’administration de Sciences Po Strasbourg des recommandations concernant le partenariat avec l’Université Reichman en Israël, Frédérique Berrod, présidente de l’Université de Strasbourg, appelle à la fin des blocages et propose une alternative constructive pour soutenir les étudiants de Gaza.
Un vote controversé dans un contexte tendu
Le conseil d’administration de Sciences Po Strasbourg s’est réuni le mardi 8 avril 2025 pour statuer sur les recommandations du comité d’examen concernant le partenariat avec l’Université Reichman. Au terme d’un débat qualifié de « long » par la présidente, les administrateurs ont voté contre ces recommandations.
Cette réunion s’est déroulée dans un climat particulièrement tendu, avec une forte présence de manifestants aux abords du bâtiment du Cardo, exigeant la rupture du partenariat « pour des raisons exclusivement politiques« , selon les termes de Frédérique Berrod.
La présidente a tenu à rappeler que le partenariat avec l’Université Reichman n’a « jamais été suspendu » par Sciences Po Strasbourg, mais qu’il est actuellement « inactif du point de vue pratique » puisque l’établissement n’envoie pas d’étudiants en échange, conformément aux règles de sécurité mises en place pour toutes les mobilités étudiantes en France depuis le 7 octobre 2023.

Un nouveau blocage dénoncé
Malgré le vote clair du conseil d’administration, la présidente constate « un nouveau blocage et une nouvelle nuit de tags dont le contenu est tout aussi politique » au lendemain de la décision.
« Le blocage ne peut pas être un mode d’action permanente, voire le seul mode de revendication des étudiantes et des étudiants« , déclare Frédérique Berrod, qui se présente comme « la gardienne de cette délibération démocratique« .
Elle insiste sur la nécessité de reprendre les cours et de permettre au personnel de travailler « sans entrave » à Sciences Po, mais aussi au CEIPI, à l’IPAG, à l’INPI et à l’IEEPI, également touchés par la situation.

Une proposition alternative pour Gaza
Face à cette impasse, la présidente propose « d’entrer dans une nouvelle phase d’action« . Elle souhaite que l’Université de Strasbourg, en collaboration avec des partenaires européens, élabore « un programme de formation pour les étudiantes et les étudiants qui, à Gaza, n’ont plus d’université« .
Cette initiative, qu’elle avait déjà évoquée lors de sa récente élection, se veut une « voie constructive » pour permettre à Sciences Po Strasbourg de « terminer l’année académique dans le calme et la réflexion« .
La liberté académique comme principe directeur
Dans sa déclaration, Frédérique Berrod réaffirme son engagement à « protéger la liberté académique« , qu’elle considère comme fragile dans le monde actuel, ainsi que « la liberté de circulation des étudiantes et des étudiants » pour maintenir l’ouverture de l’Université de Strasbourg sur l’Europe et le monde.
Elle souligne également l’importance du processus de dialogue mené par le comité d’examen, élu par les étudiants et les enseignants-chercheurs, qui avait permis le déblocage du bâtiment du Cardo ces dernières semaines.
La présidente rappelle que l’université « ne peut se baser sur des revendications politiques pour faire et défaire ses partenariats académiques ou de recherche » et annonce son intention d’intégrer ces questions à la charte éthique qu’elle souhaite porter en début de mandat.
Alors que la situation reste tendue au sein de l’établissement, tous les regards sont désormais tournés vers les étudiants mobilisés et leur réaction à cet appel au calme et à la reprise des activités académiques.
