Ce week-end, les stades du football amateur alsacien resteront silencieux. Les matchs de district ont été annulés, conséquence d’un mouvement de grève des arbitres. En cause : un climat de plus en plus tendu autour des terrains, marqué par des agressions verbales et physiques répétées envers les officiels. Une mobilisation sans précédent qui entend tirer la sonnette d’alarme. Pourtant, alors que la Ligue du Grand Est communique largement sur la protection des arbitres, un dossier récent soulève des questions sur la cohérence de cette posture.

C’est Foot Amateur qui a levé le voile sur une affaire embarrassante pour les instances régionales. François Keller, directeur du centre de formation du Racing Club de Strasbourg Alsace (RCSA), a écopé d’un mois de suspension.

Selon les informations révélées par Foot Amateur, François Keller se serait emporté après la décision du délégué de reporter le match pour des raisons de sécurité. Des propos particulièrement virulents lui sont attribués :

« J’espère que vous avez les reins solides avec ce qui va se produire pour vous après votre one-man show. J’espère que vous avez les soutiens qu’il faut à la Fédé. Voici le clown qui dit qu’on ne joue pas aujourd’hui. »

Des paroles lourdes de sens dans un contexte où la protection des arbitres est au cœur de l’actualité locale. Et pourtant, aucune communication officielle n’a été faite par la Ligue du Grand Est ni par le club. Un silence d’autant plus remarqué que François Keller est le frère de Marc Keller, président du RCSA et membre du comité exécutif de la FFF. Cette proximité interroge, surtout en pleine crise de confiance entre les corps arbitraux et les instances dirigeantes.

La suspension d’un acteur aussi médiatique aurait pu – ou dû – faire l’objet d’une prise de position claire de la part des autorités sportives régionales. À l’inverse, l’affaire semble avoir été gérée dans une grande discrétion, voire dans une forme d’omerta.

Dans le même temps, des centaines de jeunes, éducateurs, dirigeants et supporters du football amateur sont privés de compétition ce week-end, au nom d’un message fort en faveur des arbitres. Mais comment ce message peut-il être crédible si des comportements inacceptables, lorsqu’ils concernent des personnalités influentes, sont traités dans l’ombre ?

Ce double discours ne manquera pas d’alimenter les tensions et les frustrations dans les clubs alsaciens, déjà fortement mobilisés pour assurer le respect et la sécurité autour des terrains. La transparence et l’exemplarité ne devraient pas être à géométrie variable.