La récente condamnation de Marine Le Pen a provoqué une tempête politique, en particulier chez les élus du Rassemblement National (RN) en Alsace. Pourtant fervents défenseurs d’une justice stricte, ils n’hésitent pas aujourd’hui à attaquer frontalement les institutions judiciaires françaises. Cette posture questionne leur attachement aux principes républicains et démocratiques.
Une condamnation aux lourdes conséquences
Marine Le Pen a été condamnée par le tribunal correctionnel de Paris pour détournement de fonds publics européens. La décision est lourde : quatre ans de prison, dont deux avec sursis, une amende de 300 000 euros et une interdiction d’exercer une fonction publique pendant cinq ans avec exécution provisoire. Cette dernière disposition l’empêche de se présenter à l’élection présidentielle de 2027.
Dès l’annonce du verdict, les réactions indignées des figures du RN en Alsace ne se sont pas fait attendre. Le député Laurent Jacobelli a dénoncé un “deni de démocratie”, affirmant que “rien ne justifie une inéligibilité avec exécution provisoire, si ce n’est une volonté de censure politique”.

Une contestation de la justice qui interroge
D’autres élus locaux ont adopté une position similaire. Christelle Ritz, conseillère régionale du Grand Est, s’est contentée d’un laconique “Toujours aux côtés de Marine”, tandis que Virginie Joron, députée européenne et figure du RN en Alsace, a dénoncé une “justice politique”.
Robin Hils est allé encore plus loin, affirmant que “aujourd’hui, la démocratie s’est effondrée par la négation totale de la volonté du peuple français, orchestrée par des juges politiques qui n’ont qu’un objectif : empêcher la favorite de 2027 de se présenter”.

Une incohérence flagrante
Ces déclarations posent une question fondamentale : comment un parti qui s’est toujours présenté comme le défenseur de l’ordre et de la fermeté judiciaire peut-il, lorsqu’une décision ne lui convient pas, en appeler à la remise en cause de la justice ?
Le RN a toujours plaidé pour une justice plus stricte, accusant la gauche et les gouvernements successifs de laxisme. Pourtant, lorsqu’une décision frappe l’une des leurs, ces mêmes refusent de reconnaître la légitimité du verdict.
“La combativité de MLP m’impressionnera toujours. Vous pouvez compter sur notre soutien, présidente !”, a déclaré Theo Bernhardt, dans une posture qui met de côté toute acceptation du jugement.
Thomas Esteve a quant à lui simplement affirmé : “Derrière vous, Présidente !”, illustrant un soutien aveugle qui ne laisse aucune place au débat.
Une menace pour les institutions démocratiques
En Alsace, région historiquement attachée aux valeurs républicaines et à l’État de droit, ces positions du RN local peuvent surprendre. Remettre en cause la légitimité de la justice française tout en se proclamant patriote relève d’une contradiction évidente.
Le respect des institutions ne peut être à géométrie variable. La démocratie repose sur des principes clairs : la séparation des pouvoirs, le respect des décisions judiciaires et l’égalité de tous devant la loi. En contestant systématiquement toute décision défavorable à leur camp, les figures du RN alsacien mettent en danger les fondements mêmes du régime républicain.
