Strasbourg a été le théâtre d’une importante mobilisation ce mardi 1er avril 2025, alors que plusieurs secteurs se sont joints à un mouvement de grève contre les politiques d’austérité budgétaire. Le rassemblement place de la République, qui a débuté à 13h30 devant la préfecture du Bas-Rhin, a réuni plusieurs centaines de manifestants issus du secteur associatif, médico-social et de France Travail (ex-Pôle Emploi).

Une convergence de secteurs face aux coupes budgétaires

La manifestation strasbourgeoise s’inscrit dans un mouvement national porté par une large intersyndicale comprenant la CGT, CFDT, CFTC, CFE-CGC, FO et SUD. Sur place, les banderoles et slogans dénonçaient l’austérité qui affecte le lien social et réclamaient des moyens supplémentaires pour assurer un accompagnement digne des publics concernés.

Florian Kobryn, conseiller départemental de Strasbourg 1 NFP, était présent parmi les manifestants : « Je suis ici pour apporter mon soutien aux travailleurs sociaux qui sont mobilisés aujourd’hui, ce sont des personnes en première ligne et les choix budgétaires qui sont faits soit par le département ou par le gouvernement ne sont pas les miens et je suis ici donc pour défendre leurs intérêts. »

Fermement rassemblés devant la préfecture du Bas-Rhin, les manifestants venus des quatre coins du département ont fait entendre leur voix durant près de trois heures. Une délégation syndicale a été reçue par un représentant du préfet.

Le secteur associatif et médico-social mobilisés

La section locale ASSO-Solidaires a lancé un appel national à la grève contre la baisse des financements publics qui impacte directement les emplois, les conditions de travail et le fonctionnement des associations.

Cyril, un militant rencontré dans le cortège, exprime son inquiétude : « Les propositions actuelles du gouvernement sont des propositions qui vont nous précariser énormément, notamment sur la fin des congés trimestriels, qui sont acquis de haute lutte dans l’histoire du travail social… Il me semble important de nous mobiliser aujourd’hui pour ne pas se laisser faire et même plus largement pour faire entendre la voix des travailleurs sociaux qui sont en première ligne face aux personnes les plus vulnérables dans cette société « 

Plusieurs établissements médico-éducatifs étaient fermés en raison d’une forte mobilisation. Le personnel évoque un sentiment croissant de détresse et de perte de sens face à l’impossibilité de réaliser correctement leurs missions.

Parmi les revendications principales : l’extension des 183€ net du Ségur à l’ensemble des travailleurs sociaux, une augmentation générale des salaires avec un minimum à 1900€ net, et surtout des conditions d’accompagnement qui permettent de remettre la relation humaine au cœur des pratiques.

Une mobilisation intergénérationnelle

Les manifestants représentaient toutes les générations, des jeunes professionnels aux retraités engagés. Christian, militant de 77 ans, partage son indignation : « Moi j’ai connu un service public qui marchait à fond et très bien, maintenant on a l’impression d’être dans un pays du tiers monde et j’ai rien contre les pays du tiers monde, au contraire je les soutiens, moi je veux que ça marche aussi pour eux mais là on les rejoint dans la pauvreté et la misère pour une cinquantaine de milliardaires qui se partagent la moitié du patrimoine mondial et les 8 milliards de personnes qui vivent sur terre, ils ont l’autre moitié tous ensemble, ça ne va plus !« 

France Travail également mobilisé

Les salariés de France Travail (ex-Pôle Emploi) se sont également joints au mouvement. Ils protestent notamment contre un « Plan d’efficience » qui pourrait affecter 3700 postes d’ici 2027, et dénoncent une mise en œuvre précipitée de la Loi Plein emploi dans un contexte de plans de licenciements massifs dans le secteur privé.

Les agents présents à la manifestation expliquent que l’État se désengage financièrement alors même qu’on leur demande d’accompagner davantage de bénéficiaires du RSA, contraints désormais à 15 heures d’activité hebdomadaire.

Vers une convergence des luttes?

Cette journée de mobilisation, qui a réuni des secteurs habituellement cloisonnés, pourrait marquer le début d’une convergence plus large. Les manifestants présents identifient tous les mêmes logiques d’austérité qui sacrifient le lien social au profit des économies budgétaires.

Une nouvelle journée de mobilisation nationale est déjà annoncée pour la fin avril, mais les syndicats strasbourgeois annoncent également des actions locales dans les prochaines semaines, notamment autour de la question des financements des collectivités territoriales.