Le vote était attendu. Cette semaine, le Sénat a adopté la proposition de loi interdisant le port du voile dans les compétitions sportives officielles. Un texte soutenu par la droite sénatoriale et une partie des centristes. Dans le Bas-Rhin, les sénateurs Elsa Schalck (LR), Laurence Muller-Bronn (LR), André Reichardt (LR) et Claude Kern (Union centriste) ont voté « oui », validant cette nouvelle étape dans la politique d’exclusion des femmes voilées des terrains de sport.

Mais à Strasbourg, sur le terrain, l’ambiance est tout autre. C’est à la Grande Mosquée de Strasbourg qu’on retrouvait des représentants de ces mêmes familles politiques… invités à l’iftar citoyen organisé à l’occasion du Ramadan.

Jean-Philippe Maurer en mission discrète

Côté Républicains, c’est Jean-Philippe Maurer, figure de la droite locale, qui a été envoyé représenter son camp à l’iftar citoyen organisé par la Grande Mosquée de Strasbourg.

Récemment encore, Maurer recevait à Strasbourg Bruno Retailleau, principal artisan de la proposition de loi interdisant le port du voile dans le sport. Quelques jours plus tard, le même Maurer se retrouve assis à la Mosquée, dans une posture de dialogue et de proximité. Une stratégie qui illustre parfaitement le double discours des Républicains : fermeté à Paris, présence de façade à Strasbourg.

Les centristes strasbourgeois eux aussi présents… mais muets sur le fond

Les centristes n’étaient pas en reste : Rebecca Breitmann, Nicolas Matt et Pierre Jakubowicz étaient tous présents, sourire aux lèvres, dans les salons de la Grande Mosquée. Pourtant, aucun post, aucun commentaire sur la proposition de loi ou sur la ligne défendue par le gouvernement et le Sénat.

Sur les réseaux sociaux, une personne a résumé ce malaise d’une formule cinglante :
« Des élus viennent pour l’Iftar dans les mosquées pendant ce mois du Ramadan (à un an des élections municipales) et le reste du temps ils crachent sur les musulmans et les musulmanes ! »

Une remarque qui a fait réagir Carole Wenner, elle aussi présente à l’iftar citoyen, ancienne candidate suppléante d’Éric Elkouby aux législatives de 2022, qui s’est fendue d’une réponse amère :
« Pourquoi les représentants du culte musulman les invitent-ils ? »

Les clubs de football et de futsal face à leur propre silence

Et pendant ce temps, sur les terrains de sport strasbourgeois, c’est la loi du silence. La Ligue d’Alsace de Football a bien relayé la campagne « Une seule couleur, celle du maillot » à l’occasion de la Journée nationale de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Mais sur le débat brûlant du moment, rien. Pas un mot des clubs de football, pas une prise de position des clubs de futsal. Silence complet.

L’ironie est cruelle. Ces mêmes clubs qui, par le passé, savaient se mobiliser en masse lors des conseils municipaux sous la bannière de l’Union Football Strasbourg, n’hésitant pas à interpeller les élus quand leurs intérêts étaient en jeu. Aujourd’hui, alors que leurs propres licenciées sont concernées par cette loi, pas un mot, pas un communiqué.