Le Consortium Euclid a publié ses premières données scientifiques analysées par plus de 2600 chercheurs à travers l’Europe. Le Planétarium du Jardin des sciences de Strasbourg a été choisi pour accueillir cette présentation majeure, mettant notre ville au cœur de l’actualité scientifique internationale.

Un observatoire spatial pour percer les mystères de l’univers

Lancé le 1er juillet 2023, le télescope spatial Euclid a pour mission principale de cartographier en trois dimensions un tiers du ciel sur une période de six ans. Son objectif premier : approfondir notre compréhension de l’énergie noire, cette mystérieuse composante qui représente 70% de l’univers et provoque l’accélération de son expansion.

Les données présentées aujourd’hui au Planétarium de Strasbourg ne représentent que 0,45% des observations prévues pour la mission complète, mais elles ont déjà permis de nombreuses avancées scientifiques significatives.

Une moisson de découvertes sur la toile cosmique

Parmi les résultats les plus marquants, les chercheurs ont pu déterminer que plus un amas de galaxies est massif, plus il est connecté à des filaments de la toile cosmique. « Pour la première fois, nous montrons que cette connexion entre amas et toile cosmique influence significativement le type de galaxies qui s’y trouvent, » explique Céline Gouin, chargée de recherche au CNRS à l’Institut d’astrophysique de Paris.

Les galaxies les plus anciennes de type elliptique se trouvent plus près des cœurs des filaments cosmiques et sont davantage alignées avec la direction de leur filament. Ces observations confirment l’extraordinaire précision des instruments d’Euclid, capable de mesurer avec une finesse sans précédent la forme et l’orientation des galaxies.

Une fenêtre sur l’univers primitif

Les données d’Euclid ont également permis d’observer des protos-amas de galaxies contenant des galaxies « éteintes » qui ont cessé de former des étoiles, alors même qu’elles se trouvent dans des régions de l’univers précoce où les amas sont généralement jeunes et actifs.

« Euclid nous offre une nouvelle fenêtre d’exploration sur ces structures déjà vieilles dans une époque où les amas sont attendus jeunes et avec un fort taux de formation stellaire, » précise Nicolas Mai, doctorant au laboratoire AstroParticules et Cosmologie.

Des phénomènes rares observés en nombre

Les chercheurs ont également détecté 500 nouvelles lentilles gravitationnelles fortes, des phénomènes extrêmement rares prédits par la théorie de la relativité générale d’Einstein. Avant Euclid, seules 150 images de lentilles gravitationnelles avaient été capturées depuis l’espace. Ces observations sont cruciales pour comprendre la distribution de la matière noire autour des galaxies.

Des milliers de nouveaux noyaux actifs de galaxies (AGN) et quasars ont également été catalogués, ainsi que des milliers de galaxies naines et de « petits points rouges« , ces mystérieux objets de l’univers primitif observés pour la première fois il y a seulement trois ans.

Une forte implication française et strasbourgeoise

La France est le premier contributeur à la mission Euclid, avec environ 400 scientifiques impliqués sur les 2600 que compte le Consortium. Le Consortium est d’ailleurs dirigé par Yannick Mellier de l’Institut d’astrophysique de Paris.

Plusieurs chercheurs de l’Université de Strasbourg et des laboratoires associés participent activement aux travaux d’analyse des données d’Euclid, ce qui explique le choix de notre ville pour cette présentation scientifique majeure.

Perspectives futures

Les 27 articles scientifiques publiés aujourd’hui ne sont qu’un début. La prochaine publication de résultats et de données est prévue pour octobre 2026 et concernera la « science cœur » de la mission, avec les premiers éléments de réponse sur la nature de l’énergie noire.

D’ici la fin de la campagne d’observations initiale d’Euclid en 2031, plusieurs autres publications sont attendues, qui devraient révolutionner notre compréhension de l’univers, de son histoire et de son évolution.

Pour les Strasbourgeois passionnés d’astronomie, le Planétarium du Jardin des sciences proposera dans les prochains mois des séances spéciales dédiées aux découvertes d’Euclid, avec des visualisations en 3D des premières cartographies du cosmos réalisées par le télescope.


Pour plus d’informations sur les dernières découvertes d’Euclid, rendez-vous sur le site du Consortium Euclid ou celui de l’Agence Spatiale Européenne (ESA).