Le climat s’échauffe à l’Université de Strasbourg à l’approche de la conférence prévue le 13 février 2025, animée par Rima Hassan. L’événement, qui devait initialement s’inscrire dans un cadre académique, suscite aujourd’hui une vive polémique. En cause : les discours et prises de position de la conférencière, perçus par certains comme radicaux, voire haineux.

Le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF) Alsace a pris position de manière claire et publique. Dans un communiqué diffusé récemment, l’organisation exprime son rejet catégorique de ce qu’elle considère comme une instrumentalisation des universités pour propager des discours de haine et d’apologie du terrorisme. Le CRIF s’inquiète de la montée d’un « nouveau terrorisme intellectuel » qui, selon eux, s’installe progressivement dans l’enceinte de l’université.

La figure de Rima Hassan est au centre des critiques. Connue pour ses positions tranchées sur des sujets politiques sensibles, elle fait face à plusieurs plaintes pénales pour apologie du terrorisme. Le CRIF dénonce également sa volonté affichée de remettre en cause ce délit dans le cadre légal, une initiative perçue comme dangereuse par ses opposants. De plus, son refus présumé de soutenir la libération de Boualem Sansal, intellectuel accusé pour ses opinions, est pointé du doigt comme un exemple de sa « liberté d’expression à géométrie variable« .

La situation prend une dimension encore plus sensible dans un contexte où Strasbourg a vu les chiffres de l’antisémitisme grimper de manière inquiétante ces deux dernières années. Le CRIF dénonce la transformation de l’université en « lieu de prédilection des meetings politiques d’extrême-gauche« , pointant un glissement idéologique qui pourrait, selon eux, banaliser certains discours extrémistes.

Face à cette situation, le CRIF Alsace appelle à une mobilisation devant l’Escarpe, le 13 février à 18h, pour manifester leur opposition à la tenue de cette conférence. L’organisation invite toutes les personnes attachées aux valeurs de fraternité et d’universalisme à les rejoindre, indépendamment de leurs appartenances politiques. L’objectif : défendre l’intégrité de l’université en tant qu’espace de savoir et de dialogue respectueux, loin des discours de haine.

Cette affaire relance le débat sur les limites de la liberté d’expression au sein des institutions académiques et sur la responsabilité des universités dans le choix des intervenants qu’elles accueillent. La présidence de l’Université de Strasbourg n’a pour l’heure pas pris position publiquement, mais la pression monte à l’approche de l’événement. La communauté universitaire est, quant à elle, divisée entre la défense de la liberté d’expression et la nécessité de préserver un climat d’apaisement.

Reste à savoir si cette mobilisation aura un impact sur la tenue de la conférence ou si elle ouvrira un dialogue plus large sur la place des opinions politiques dans les universités strasbourgeoises.