Une prise de position forte face à la dérive de la plateforme devenue un terrain de propagation de la haine et des discours extrêmes.
La maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, a annoncé dans un message fort qu’elle quitterait le réseau social X (anciennement Twitter) le 20 janvier 2025. Cette décision intervient après une longue réflexion sur l’évolution du réseau, devenu selon elle, un terrain propice à la propagation de discours haineux, de désinformation et d’attaques contre les valeurs démocratiques.
Un espace devenu toxique pour la démocratie
Dans son annonce, Jeanne Barseghian ne cache pas son amertume face à la transformation de X, autrefois un espace qui semblait prometteur pour la libre expression et la démocratie. Elle évoque la disparition d’un réseau qui, à ses yeux, aurait pu devenir un véritable outil démocratique, permettant à chaque voix de se faire entendre, en particulier celles des minorités et des femmes. Selon elle, X, désormais aux mains d’Elon Musk, a laissé place à un environnement hostile où la haine se diffuse plus facilement que jamais.
La maire de Strasbourg dénonce particulièrement l’impact de ce changement sur des mouvements sociaux comme #Metoo, qui ont été des leviers essentiels pour faire entendre la parole des femmes sur les violences et les discriminations. Elle estime que ce genre de mobilisation n’aurait pas été possible sur X dans sa forme actuelle, où la parole de femmes et d’activistes serait étouffée par la montée en puissance de discours haineux et d’extrême droite.

X : un terrain de propagation de la haine
Jeanne Barseghian va encore plus loin dans sa critique en qualifiant X de « ferme de trolls« , où des discours violents, racistes, sexistes, homophobes et transphobes se multiplient sans contrôle. À ses yeux, cette dérive s’accompagne d’une amplification des théories complotistes et du déni climatique, dont la plateforme devient le terrain idéal pour les promouvoir. Selon elle, X ne fait que nuire à la démocratie, en attisant les divisions et en alimentant les discours de haine.
Le réseau social serait ainsi devenu une « arme de destruction » qui déstabilise les sociétés, notamment en influençant négativement les jeunes générations, déjà fragilisées par la pression des médias sociaux. Ces discours, de plus en plus présents sur X, contribuent à miner le vivre-ensemble et à exacerber les inégalités sociales et raciales.

Une censure déguisée sous le masque de la liberté d’expression
Dans son message, la maire de Strasbourg pointe également la manière dont X opère ce qu’elle qualifie de « censure méthodique et systématique« . Elle évoque une « conception soi-disant radicale de la liberté d’expression« , qui en réalité camoufle une forme de censure ciblée, visant à étouffer toute pensée dissidente et progressiste. Selon elle, les voix qui prônent des idées inclusives, humanistes et de justice sociale sont progressivement réduites au silence.
Cette situation, déplore Barseghian, ne laisse plus de place à un véritable débat public sur la plateforme. L’espace d’échange qui se voulait démocratique est devenu un lieu où les idées de haine et d’intolérance prospèrent sous couvert de liberté d’expression.

Un choix réfléchi et un nouveau cap
C’est donc avec détermination que Jeanne Barseghian annonce quitter définitivement X à partir du 20 janvier 2025. Cette décision s’inscrit dans un mouvement plus large, celui du #HelloQuitteX, qui invite les utilisateurs à déserter la plateforme pour protester contre son déclin démocratique et éthique.
Mais la maire de Strasbourg ne compte pas abandonner sa voix politique. Elle affirme qu’elle continuera à s’exprimer sur d’autres réseaux sociaux où, selon elle, il reste encore une possibilité de débat respectueux et digne. Ces alternatives, bien qu’elles ne soient pas exemptes de leurs propres défis, semblent offrir des espaces plus sûrs pour les discussions constructives.

Un acte symbolique et un appel à la réflexion
En annonçant son départ de X, Jeanne Barseghian lance un message fort aux Strasbourgeois et à l’ensemble des citoyens : il est temps de repenser nos rapports avec les réseaux sociaux. Alors que la plateforme de X continue de se transformer, cette décision de la maire de Strasbourg rappelle que les outils numériques doivent être au service de la démocratie et du bien-être commun. Sa sortie est aussi un appel à réfléchir sur l’impact de ces plateformes sur nos sociétés et à envisager des alternatives plus saines, favorisant un véritable dialogue et le respect des valeurs humaines.
Pour les Strasbourgeois et au-delà, cette annonce fait écho à une prise de conscience collective sur l’importance de préserver des espaces publics numériques respectueux et équilibrés, où la parole peut être librement partagée sans être envahie par les discours de haine et de division.
