Le paysage politique de Strasbourg se prépare pour 2026, et Jean-Philippe Vetter, conseiller municipal d’opposition (Les Républicains), vient de lancer son mouvement Aimer Strasbourg. Si l’initiative se revendique transpartisane, plusieurs éléments interrogent sur la crédibilité de cette étiquette et sur les intentions réelles derrière cette stratégie.

Une équipe politique sous une étiquette civile ?

Jean-Philippe Vetter affirme vouloir rassembler des Strasbourgeois venus d’horizons divers, mais une analyse de son équipe de campagne révèle une autre réalité. Le mouvement semble largement dominé par des anciens élus ou des figures politiques bien ancrées localement, souvent associées à la droite traditionnelle.

Certains membres revendiquent pourtant leur statut de personnalités issues de la société civile. Cependant, des enquêtes en cours soulignent que plusieurs d’entre eux ont déjà participé activement à des combats politiques locaux et même nationaux, remettant en question cette prétendue nouveauté. Une situation qui pourrait fragiliser la promesse d’un mouvement réellement transpartisan et novateur.

La transpartisane : un mot déjà galvaudé ?

En utilisant l’idée de transpartisane, Jean-Philippe Vetter adopte une stratégie déjà vue à Strasbourg. Lors des municipales de 2020, Alain Fontanel (ex-PS devenu LREM, actuellement à Manille avec Marie Fontanel ) avait formé une alliance avec Jean-Philippe Vetter au second tour pour tenter de contrer la liste écologiste menée par Jeanne Barseghian. Malgré cette coalition, l’alliance centriste-droite avait échoué, Barseghian remportant la mairie avec une nette avance.

Cette expérience soulève des questions sur la pertinence des alliances stratégiques à Strasbourg. Contrairement à d’autres villes où ces regroupements ont pu s’avérer gagnants, Strasbourg a démontré que la simple addition des voix ne suffit pas : le projet porté et la crédibilité des alliances restent primordiaux.

Critique systématique de la majorité écologiste

Depuis le début du mandat de Jeanne Barseghian, Jean-Philippe Vetter s’est montré l’un des opposants les plus virulents à la majorité écologiste. Il a dénoncé à plusieurs reprises des décisions qu’il juge dogmatiques, comme l’élargissement du stationnement payant ou certaines politiques de mobilité urbaine.

Ces critiques, souvent partagées par une partie de l’électorat, peinent toutefois à dépasser les cercles déjà convaincus. Alors que Strasbourg est marquée par une forte sensibilité écologique et sociale, cette ligne d’opposition très marquée à droite pourrait être un frein à la construction d’un mouvement réellement fédérateur.

Les défis d’une candidature transpartisane

Jean-Philippe Vetter devra donc relever plusieurs défis pour convaincre au-delà de son socle électoral traditionnel. Si la transpartisane peut séduire sur le papier, elle demande une véritable ouverture à d’autres sensibilités politiques. Pour l’heure, son équipe et ses prises de position témoignent d’un ancrage à droite qui semble difficile à concilier avec les attentes des électeurs centristes ou de gauche.

Par ailleurs, les Strasbourgeois se souviennent des manœuvres de 2020, où les alliances de second tour n’avaient pas suffi à défaire les écologistes. Cette dynamique laisse penser qu’une nouvelle coalition pourrait à nouveau échouer, à moins d’un programme réellement novateur et d’un discours rassemblant plus largement les sensibilités locales.

Vers un remake de 2020 ?

Si Aimer Strasbourg ne parvient pas à convaincre dès le premier tour, la tentation d’un ralliement au second tour, comme en 2020, reste plausible. Mais les leçons du passé montrent que ce genre de stratégie, sans cohérence réelle et sans projet solide, pourrait une fois de plus être sanctionné par les urnes.

Dans une ville aussi polarisée, marquée par une forte exigence écologique et sociale, la transpartisane risque de paraître davantage comme une étiquette stratégique qu’un véritable engagement. Les Strasbourgeois attendent des réponses concrètes à leurs préoccupations, pas seulement des alliances de circonstance.

L’avenir de Jean-Philippe Vetter et de son mouvement dépendra donc de sa capacité à convaincre largement, sans se reposer uniquement sur des alliances ou des manœuvres électorales. Le scrutin de 2026 s’annonce comme un test crucial pour déterminer si cette stratégie saura séduire… ou reproduira les échecs du passé.