Depuis leur classement en réserves naturelles, les forêts de la Robertsau, Neuhof/Illkirch et du Rohrschollen adoptent une gestion innovante en Alsace : la libre évolution. Loin des interventions humaines habituelles, cette approche privilégie la biodiversité et le cycle naturel de la forêt. Un modèle de résilience écologique.
Une forêt qui reprend ses droits
Aux abords de Strasbourg, les forêts classées révèlent un spectacle fascinant : bois morts jonchant le sol, arbres vieillissants et une vie foisonnante nichée dans les moindres recoins. Ces paysages sont le résultat d’un changement radical dans la gestion forestière. Désormais, ces forêts suivent le rythme naturel de la vie et de la mort des arbres, de leur germination à leur effondrement.
En laissant les arbres vieillir et mourir sur place, la forêt gagne en diversité écologique. Chaque étape du cycle naturel est valorisée : les jeunes pousses, les arbres matures et même les bois morts deviennent le socle d’une vie prolifique, de la microfaune aux plantes épiphytes comme les mousses et les lichens.

Des forêts devenues refuges
Lorsque les arbres vieillissent, ils deviennent des refuges et des sources de nourriture pour de nombreuses espèces. Des cavités se forment, l’écorce se décolle, offrant abris et ressources aux oiseaux, chauves-souris ou encore insectes. Une fois tombés, les arbres morts deviennent des réservoirs de biodiversité, abritant une myriade d’organismes et enrichissant le sol en humus.
Ce cycle naturel favorise également la résilience de la forêt face aux défis climatiques. Les bois morts, par exemple, contribuent à maintenir l’humidité des sols, réduisant ainsi les risques d’incendie, un atout essentiel dans un contexte de sécheresses répétées.

Sécurisation minimale, impact écologique maximal
Si la libre évolution est au cœur de cette gestion, elle n’exclut pas une intervention humaine ciblée. La sécurisation des abords des chemins, habitations et lignes électriques représente l’essentiel des actions menées dans ces forêts. Une bande de 30 mètres autour des sentiers fait l’objet de diagnostics réguliers pour identifier les arbres ou branches présentant un risque pour les usagers.
Les travaux, majoritairement réalisés en hiver pour minimiser les perturbations sur la faune, consistent principalement en l’élagage ou l’abattage d’arbres malades, comme les frênes touchés par la chalarose. Une fois abattus, ces arbres restent sur place, continuant à nourrir le sol et à servir d’habitat.

Un modèle pour l’avenir
Cette gestion en libre évolution des forêts classées de Strasbourg illustre une approche innovante et durable. Elle combine respect des cycles naturels et prise en compte des enjeux de sécurité publique. Avec ces réserves, Strasbourg offre un exemple concret de transformation écologique, où la nature est laissée libre d’évoluer tout en préservant les besoins humains.
Explorer ces espaces, c’est découvrir une forêt vivante dans toutes ses étapes, un modèle inspirant pour imaginer de nouvelles façons de cohabiter avec la nature.
