En décembre 2024, Pernelle Richardot, élue socialiste de Strasbourg, a célébré sur Twitter une victoire citoyenne : l’avis défavorable émis par la Commission d’enquête concernant le projet de tram nord, un investissement de 300 millions d’euros pour quelques kilomètres de voies. Dans un tweet qui a attiré l’attention, elle évoquait une « mobilisation inédite » ayant réuni citoyens, associations et opposants de tous horizons contre ce projet controversé. Une victoire pour la démocratie participative, selon ses termes. Pourtant, cette célébration met en lumière une contradiction frappante dans son parcours politique, marqué par une pétition de 2015 qui demandait… sa propre démission.

Retour sur une pétition historique

En 2015, Pernelle Richardot, alors membre de la liste PS conduite par Jean-Pierre Masseret pour les élections régionales en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, s’était retrouvée au cœur d’une polémique. Désapprouvant la décision de Masseret de maintenir sa liste au second tour face à la montée du Front National, elle avait mené une fronde en demandant, avec 71 colistiers, le retrait de la candidature socialiste. Cet acte, bien que symbolique, n’avait pas abouti.

Pourtant, malgré ce désaccord et après avoir été élue « à l’insu de son plein gré », elle avait choisi de siéger au sein de l’assemblée régionale, une décision fortement critiquée. Une pétition, initiée par Patrick Striby, président du Parti radical du Haut-Rhin (UDI), avait alors recueilli plus de 4 960 signatures demandant sa démission. Pour les signataires, cette attitude relevait d’un comportement « immoral et antidémocratique », éloignant encore davantage les citoyens de la politique.

2024 : Une élue toujours contestée

Neuf ans plus tard, Pernelle Richardot est toujours active sur la scène politique strasbourgeoise, mais ses détracteurs ne manquent pas de souligner l’ironie de ses récentes prises de position. Alors qu’elle se réjouit d’un « NON historique » contre le tram nord, la mobilisation citoyenne contre elle-même en 2015 reste gravée dans les mémoires. Aucune autre pétition n’a depuis réuni autant de signatures à Strasbourg pour demander la démission d’un élu.

Ce décalage pose des questions légitimes : comment une élue qui fut la cible d’un rejet massif peut-elle se présenter comme une championne de la démocratie participative ? Et surtout, quelle est aujourd’hui sa contribution concrète à la vie publique ?

Un mandat controversé

Pour beaucoup, Pernelle Richardot demeure une figure politique opaque. En dépit de sa longévité, peu de citoyens sont en mesure de citer des réalisations marquantes à son actif. Son rôle au sein des institutions locales semble éclipsé par les critiques récurrentes sur son manque de clarté et d’impact.

Dans son tweet de décembre 2024, elle qualifie le rejet du projet de tram de « commencement », mais cette affirmation soulève une autre question : pour qui commence-t-on ? Le projet, bien qu’imparfait, visait à améliorer les infrastructures de transport dans le nord de Strasbourg, une zone en déficit d’investissement public.

Une leçon pour la démocratie locale

L’histoire de Pernelle Richardot illustre les paradoxes de la démocratie locale. D’un côté, elle met en lumière la capacité des citoyens à se mobiliser face à des projets controversés, comme le tram nord. De l’autre, elle montre les limites des pétitions et des mouvements citoyens visant à demander des comptes aux élus. En dépit des 4 960 signatures recueillies en 2015, Pernelle Richardot a poursuivi sa carrière sans être inquiétée, démontrant que l’expression populaire ne suffit pas toujours à provoquer un changement dans le paysage politique.

Enfin, cette situation invite à réfléchir sur la perception du rôle des élus locaux. Dans une époque où la défiance envers les responsables politiques ne cesse de croître, l’exemple de Pernelle Richardot souligne l’urgence de restaurer la confiance entre citoyens et représentants. Cela passe par une plus grande transparence, mais aussi par une réelle prise en compte des mobilisations populaires.

Neuf ans après une pétition qui a marqué les esprits, Pernelle Richardot reste une figure controversée, oscillant entre défense de la démocratie participative et contradiction politique. Si elle célèbre aujourd’hui un « NON historique » pour Strasbourg, son propre passé rappelle qu’une mobilisation populaire ne garantit pas toujours des conséquences concrètes. Une leçon d’ironie politique qui, pour beaucoup, reste difficile à digérer.