Créé par le Centre national du livre (CNL) en partenariat avec le ministère de la Culture et le ministère de la Justice, sous le patronage prestigieux de l’Académie Goncourt, le Prix Goncourt des détenus est une initiative unique dans le paysage littéraire français. Cette démarche novatrice, qui vise à impliquer les personnes détenues dans un prix littéraire, met en avant leur capacité critique tout en les initiant à des œuvres littéraires contemporaines. Cette année encore, cette initiative a pris une dimension particulière grâce à Strasbourg, désignée Capitale mondiale du livre UNESCO 2024.
Le Prix Goncourt des détenus offre à près de 600 personnes incarcérées, réparties dans 45 établissements pénitentiaires à travers la France, l’opportunité de plonger dans l’univers de la littérature et de participer activement à l’élection d’un lauréat parmi 16 romans sélectionnés par l’Académie Goncourt. En valorisant la lecture comme moyen d’évasion intellectuelle et de réflexion critique, ce prix se distingue par son impact culturel et social, dépassant les murs des établissements pénitentiaires.

Une sélection exigeante de 16 romans contemporains
Les 16 romans sélectionnés pour le Prix Goncourt des détenus représentent une diversité de voix et de styles littéraires. Parmi les auteurs retenus figurent Ruben Barrouck (Tout le bruit du Guéliz), Kamel Daoud (Houris), Gaël Faye (Jacaranda), Maylis de Kerangal (Jour de ressac), Olivier Norek (Les guerriers de l’hiver), et Sandrine Collette (Madelaine avant l’aube), pour ne citer qu’eux. Ces œuvres explorent des thématiques variées, allant des quêtes intérieures aux drames sociaux, en passant par des récits poétiques et engagés. Cette diversité assure aux lecteurs une expérience littéraire riche et stimulante.
Le processus de sélection et de délibération repose sur l’engagement des jurés détenus, qui prennent le temps de lire et d’évaluer chaque roman. Cette année, la Maison d’arrêt de l’Elsau à Strasbourg a de nouveau été au cœur de cette initiative, grâce à une dérogation exceptionnelle permise par le statut de Strasbourg Capitale mondiale du livre UNESCO 2024. Ainsi, un jury mixte de 15 détenus et détenues a pu participer à cette aventure littéraire pour la deuxième année consécutive, renforçant le lien entre la lecture et leur réinsertion sociale.

Des rencontres littéraires enrichissantes à Strasbourg
Dans le cadre des activités liées à Strasbourg Capitale mondiale du livre UNESCO 2024, la Maison d’arrêt de Strasbourg a accueilli plusieurs rencontres littéraires avec des auteurs de renom. Maylis de Kerangal, autrice du roman Jour de ressac, a ainsi échangé avec les jurés détenus, suscitant des débats passionnés autour de son œuvre et de son parcours d’écrivain.
D’autres temps forts ont marqué cette initiative, notamment les rencontres avec Fatou Diome, marraine de « Lire notre monde », en février et juin, ainsi qu’avec Dima Abdallah en octobre. Ces moments privilégiés ont permis aux détenus de dialoguer avec des écrivains sur des thématiques variées, offrant une véritable ouverture sur le monde extérieur.
Ces initiatives s’inscrivent dans un projet plus large visant à promouvoir la lecture au sein des établissements pénitentiaires. À la Maison d’arrêt de Strasbourg, la fréquentation de la bibliothèque a considérablement augmenté, avec un niveau d’emprunt qui surpasse celui des autres lieux de détention du Grand Est. Cette dynamique positive témoigne de l’impact des actions menées dans le cadre de Strasbourg Capitale mondiale du livre UNESCO 2024.
Un couronnement pour Sandrine Collette
Ce mardi 17 décembre, les délibérations nationales se sont tenues au Centre national du livre, réunissant les délégués des jurys issus des différents établissements pénitentiaires. À l’issue de ces échanges, le prix Goncourt des détenus 2024 a été attribué à Sandrine Collette pour son roman Madelaine avant l’aube, publié aux éditions JC Lattès. Déjà couronné du prix Goncourt des lycéens, ce roman a su séduire les jurés par sa force narrative et sa profondeur émotionnelle.

Avec cette double consécration, Sandrine Collette s’impose comme une voix majeure de la littérature contemporaine, capable de toucher des publics variés, qu’il s’agisse de lycéens ou de personnes détenues.
Une initiative qui dépasse les frontières carcérales
Le Prix Goncourt des détenus est bien plus qu’un simple événement littéraire : il constitue une passerelle entre le monde carcéral et la société, en valorisant la culture comme outil de réinsertion et d’émancipation. À travers ce prix, les personnes détenues deviennent actrices d’un projet culturel ambitieux, qui leur permet de faire entendre leurs voix tout en découvrant des horizons nouveaux.
À Strasbourg, ville résolument tournée vers la promotion de la lecture et de la culture, cette initiative trouve un écho particulier. La participation active des détenus de la Maison d’arrêt de Strasbourg, associée aux nombreuses actions menées dans le cadre de Strasbourg Capitale mondiale du livre UNESCO 2024, témoigne de l’importance de la lecture comme vecteur de transformation sociale et personnelle.
